dimanche 30 août 2015

Tomorrow, quand la guerre a commencé - Tome 5 : Attention, danger !

John Marsden
Les éditions J'ai lu (2000)
sortie originale 1997
252 pages

Synopsis :
Je me suis tournée ver Fiona et je lui ai chuchoté :- Tu ne trouves pas qu'il y a une ambiance ?- Oui j'en ai la chair de poule.Nous avons coupé par une petite allée. Tout semblait tranquille. A mi-chemin, j'ai craqué. J'ai soufflé aux autres de se dépêcher et je me suis mise à courir. J'avais à peine terminé ma phrase que Fiona s'élançait à son tour. Elle aussi avait senti le danger. Une fraction de seconde plus tard, l'allée entrait en éruption...

Me voici au 5ème tome de cette saga culte australienne et je dis bravo à l'auteur John Marsden ! Je comprends pourquoi les australiens encensent les aventures d'Ellie et de ses amis ! C'est tout simplement remarquable ! JE SUIS FAN !!!!

Même si l'on pourrait croire que l'on va finir par se lasser, puisque nous sommes maintenant une année après l'invasion et pourtant....Pourtant il se passe encore des choses incroyables pour nos amis mais aussi pour le monde qui les entourent.....Car en fait, c'est très judicieux de la part de l'auteur d'avancer ainsi dans le temps car nous pouvons ainsi suivre la population, pas seulement celle qui a été "colonisée et mise en esclavage", comme les parents d'Ellie, mais nous avons aussi un certain type d'individus, comme par exemple les petites victimes de la guerre, ces enfants perdus et abandonnés qui sont livrés à eux-mêmes depuis maintenant une année sans adultes à leurs côtés...et qu'Ellie et ses amis vont "rencontrer".

"Si seulement notre pays n'avait pas été envahi. Si seulement nous avions pu continuer à vivre comme avant, à regarder les guerres des autres à la télévision. Si seulement nous avions été mieux préparés et si nous avions davantage réfléchi à tout ça. Puis, alors que nous avions réussi à quitter la zone de combat, si seulement nous n'avions pas accepté de revenir pour prêter main-forte aux soldats néo-zélandais dans leur attaque ratée de la base aérienne. A vrai dire, on ne nous avait pas laissé le choix. Le colonel Finley nous avait mis la pression - et nous nous l'étions mise nous-même. Encre un autre de ces "si seulement". Nous nous serions sans doute sentis coupables de refuser. Et puis, nous espérions tellement revoir nos parents. Si seulement nous avions tous été aussi chanceux que Fiona. Elle, au moins, avait pu rencontrer les siens pendant une demi-heure. J'en voulais encore terriblement au colonel Finley. Il avait promis d'envoyer un hélicoptère pour nous récupérer. Mais il nous avait laissés tomber comme de vieilles chaussettes après la disparition des kiwis. Quand nous avions enfin réussi à le joindre par radio pour réclamer cet hélico, il nous avait répondu qu'il manquait d'hommes et de matériel - comme par hasard ! Pour rapatrier une douzaine de soldats parfaitement entraînés, il n'aurait pas fait tant d'histoires. Mais curieusement, pour nous, ça devenait très compliqué. Le plus drôle, dans tout ça, c'est qu'avec nos tactiques approximatives, nos bombes artisanales et notre technique d'approche à la va comme je te pousse nous avions remporté plus de victoires que n'auraient pu le faire des soldats de métier. C'était du moins ce que nous pensions, et beaucoup de gens en Nouvelle-Zélande nous avaient confortés dans cette idée. Mais maintenant que nous étions de retour ici, pris au piège de Hell, ils semblaient contents de nous oublier".

"Je ne sais pas pour les autres, mais moi j'avais refoulé ma peur du danger et de la mort. A force de voir tous ces gens mourir, y compris certains de mes amis, j'éprouvais un étrange sentiment envers ma propre vie. Petit à petit, j'avais changé d'état d'esprit et cessé de rêver d'avenir. C'était peut-être aussi le cas pour les autres. Voilà sans doute pourquoi nous ne faisions plus de plans".

"Jamais nous n'avions renoncer à planter un chêne sous prétexte qu'il n'arriverait à maturité que cinquante ans plus tard. 'Je ne le verrai pas grandir', me disait mon père, mais il le plantait quand même. Il râlait toujours contre les pépiniéristes qui faisaient de la croissance rapide de leurs plants un argument de vente. Selon lui, c'était une mauvaise approche de l'existence".

"Nous approchions du début de la piste qui descend vers la ferme, et le wombat s'est dirigé vers la gauche. C'était l'occasion ou jamais de montrer à Fiona un tour que je n'avais jamais essayé moi-même, mais dont mon père m'avait parlé. Pas très sûre de moi et sans savoir si ça marcherait, j'ai dit à Fiona : -Tu savais que ces animaux peuvent suivre le faisceau d'une torche ? Fiona avait été si souvent la victime de nos blagues idiotes que cette fois elle s'est méfiée. -Oui, bien sûr, a-t-elle répondu, sceptique. -Non, je te jure que c'est vrai. J'ai retiré mon sac de mes épaules et ouvert une poche latérale pour y prendre ma torche. Abandonnant mon sac, j'ai avancé de quelques mètres et allumé la lampe. Nous étions à couvert sous les arbres, il n'y avait donc aucun risque d'être aperçus par des soldats ennemis. J'ai orienté le faisceau vers le sol, juste devant le wombat, et l'ai déplacé sur le côté. A ma grande surprise, l'animal s'est immédiatement retourné et s'est mis à suivre le rai de lumière avec désobéissance. Bien entendu, j'ai pris soin de cacher mon étonnement, affichant au contraire l'air détaché de la fille qui sait exactement ce qu'elle fait. En déplaçant le faisceau, j'ai fait exécuter une petite danse au wombat. Les autres étaient sidérés".

"Nous étions à trois cent mètres environ du torrent. C'était un truc qu'Ursula m'avait appris : ne campez jamais trop près d'une rivière parce que si quelqu'un s'approche, le bruit de l'eau vous empêchera de l'entendre".

"Pendant ce temps, je m'absorbais dans la lecture de vieux journaux jaunis. C'était un peu déprimant, et je me suis trouvée à regretter le bon vieux temps. Pourtant, cette lecture m'a aussi éclairée. Ces drames que nous faisions pour rien à l'époque. Un article de la page des sports commençait ainsi : "A cause d'une tragique blessure au genou, Barry McManus voit s'envoler toutes ses chances de participer au prochain championnat". Tragique, ai-je pensé. Je vais vous dire ce qui est tragique. C'est Lee qui apprend la mort de ses parents, c'est Robyn, Chris et Corrie qu'on a privés de cinquante années de vie. C'est un Etat qui envahit, pille et s'empare d'un autre. Voilà ce qui est tragique".

"S'il m'arrivait parfois de souhaiter qu'on nous arrête pour en finir une bonne fois pour toutes avec cette histoire, dans le feu de l'action, j'étais prête à n'importe quoi pour ne pas être capturée".

"-Qu'est-ce qu'on va faire ? a demandé Fiona, fidèle à son habitude. Est-ce que je me trompais, mais j'avais l'impression qu'elle me fixait avec insistance dans la pénombre. Non, je ne rêvais pas ! Fiona me regardait, ainsi que les trois garçons. J'ignore à quel moment j'avais été promue au rang de celle qui a des idées géniales pour sortir tout le monde des situations les plus inextricables. Tout ce que je sais, c'est que ce glissement s'était opéré et que désormais tout le monde tenait pour acquis que l'inspiration viendrait de moi. Grosso modo, Homer était celui qui avait l'énergie et moi celle qui avait les idées".

"Kevin avait vite saisi qu'il se préparait quelque chose. Alors que nous le félicitons chaudement d'avoir dégoté ces toilettes, il nous a brusquement interrompus. Il m'a fixée  droit dans les yeux et a lancé : -Vous tramez quelque chose, hein ? Soutenant son regard, j'ai répondu du tac au tac : -On va attaquer la base. J'avais vu beaucoup de gens pâlir depuis le début de cette guerre. Fiona à Baloney Creek. Lee quand il avait reçu une balle dans la jambe. Corrie quand elle avait compris que notre pays venait d'être envahi. Et, bien sûr, Homer quand il avait entrouvert cette porte pour regarder  l'extérieur. Mais le visage de Kevin a viré du blanc au gris. Ses traits se sont décomposés. En l'espace de quelques secondes, il avait pris trente ans. Kevin avait toujours eu de bonnes joues jusqu'à ce que la guerre nous transforme tous, malgré nous, en adeptes des weight watchers. Mais pendant un instant, j'ai vraiment cru voir une tête de mort. Tout à coup, il a enfoui son visage dans ses mains et nous n'avons plus vu que ses épaules secouées de soubresauts. Il ne faisait aucun bruit ; il frémissait seulement comme si le sol tremblait sous ses pieds. Nous ne savions plus quoi faire. Finalement, Fiona l'a pris par le bras et guidé jusqu'au camion dans lequel nous étions arrivés. Il y est resté couché pendant douze heures. Et pendant tout ce temps, il n'a même pas utilisé les toilettes qu'il était pourtant si fier d'avoir trouvées. Au début, il  ne remuait pas du tout. Toutes les demi-heures, quelqu'un - en général Fiona ou moi - allait lui jeter un coup d'oeil. Il était plongé dans un état quasi comateux. On aurait dit un légume, une espèce de poireau. Je sais que je ne devrais pas plaisanter sur un sujet aussi grave, mais parfois, dans des situations désespérées - et la nôtre l'était - il ne reste plus que l'humour pour ne pas sombrer".

"Je savais maintenant que j'avais atteint le point de non-retour. J'avais dégommé les deux premières quilles et le reste devrait subir le même sort, quoi qu'il m'en coûte. J'ignorais comment j'allais annoncer aux autres que j'avais signé leur arrêt de mort, mais fichus pour fichus, je comptais bien leur donner les moyens de se battre".

"J'ai tendu un autre fusil à Fiona qui n'avait pas l'air calme du tout. Je ne m'habituerai jamais à voir Fiona avec une arme. C'est un peu comme imaginer Homer avec une poupée Barbie".

"J'avais la nausée depuis si longtemps que j'avais appris à vivre avec, mais là, j'ai cru que j'allais me vider et, détail plus horrible encore, par les deux bouts. Les avions ressemblaient à de gros frelons, et nous à de minuscules fourmis".

"Un jour quelqu'un m'avait dit que c'était exactement ce que faisait la police. Ils accéléraient toujours quand ils allaient heurter un autre véhicule, parce que ainsi les dégâts étaient moins importants de leur côté".

"Le coeur empli d'une joie mauvais, j'ai épaulé mon fusil. Depuis longtemps je brûlais de me venger, et maintenant ils allaient griller pour de bon et payer pour tout ce qu'ils nous avaient fait. J'étais animée par les sentiments les plus primitifs. J'étais une femme des cavernes qui fonçait, armée d'un gourdin, sur les hyènes et les chacals".

"C'est alors que j'ai entendu une voix au-dessus de ma tête. Pendant un bref instant, j'ai cru que Dieu me parlait. Mais ce n'était pas Dieu, c'était Homer. Je ne m'expliquerai jamais cette méprise. Il est vrai qu'Homer a souvent tendance à se prendre pour Dieu".

"En jetant un coup d'oeil en arrière, j'ai vu que Kevin suivait. Il devançait même Fiona de plusieurs mètres. Visiblement, sa dépression ne l'empêchait pas de courir quand il s'agissait de sauver sa peau".

"Tout en courant, j'essayais de réfléchir, et ce n'était pas facile. Je peux mâcher un chewing-gum tout en marchant, mais j'ai du mal à réfléchir quand je cours. Ces deux activités exigent trop d'oxygène".

"Je scrutais les eaux d'un regard anxieux. J'avais une trouille bleue des sangsues. Quand j'étais gosse, elle ne me dérangeaient pas. Si j'en avais une, je sortais de l'eau et je la brûlais avec une allumette. Comme j'étais une sale môme un peu sadique sur les bords, j'adorais les regarder gigoter puis se ratatiner et finalement se détacher de leur proie. Je me demande qui le premier avait observé que la meilleure façon de s'en débarasser était de les brûler. Sans doute une personne charmante".

"Nous avions besoin de temps pour reprendre nos esprits, pour mesurer l'importance de l'exploit que nous venions d'accomplir, pour nous habituer aussi à l'idée que nos vies allaient être bouleversées du tout au tout. D'abord, parce que dans les prochaines heures, nous allions être les individus les plus recherchés de tout le pays. Les ennemis publics numéro un, deux, trois, quatre et cinq. Dur pour Kevin qui avait été embarqué dans cette galère contre son gré".

"J'ai moi-même hypnotisé quelques poules dans mes jeunes années. Quel gamin de la campagne n'a jamais fait ça ? C'est un spectacle distrayant. On les pose par terre, on leur maintient la tête baissée, on trace une ligne partant de leur bec et les voilà parties. Vous pouvez les faire mettre en ligne dans le poulailler pour imiter Elvis Presley ou faire un strip-tease en s'arrachant les plumes. Fastoche".

"Tous autant que nous étions, nous avions des passages à vide au cours desquels nous étions prostrés dans un coin, le regard dans le vague. Ainsi , il m'était arrivé de trouver Fiona ou Homer affalés sur une chaise avec l'air d'avoir reçu un coup de massue sur la tête. Ils pouvaient rester dans cet état pendant des heures. Je n'étais pas différente d'eux. Il m'arrivait de me recroqueviller dans le grand fauteuil de cuir marron, devant le secrétaire de grand-mère, et de demeurer immobile à contempler le papier peint tout en suçant mon pouce. Quand je sortais de ma torpeur, je constatais qu'il s'était écoulé trois heures et j'ignorais où elles étaient passées. Sans doute dans les limbes où sont entreposées toutes les heures perdues, et où sont envoyés les pensées et les sentiments qu'il est impossible de classer".

"Parfois, je me disais que Fiona était née cent ans trop tard. Elle était innocente comme une jeune fille du XIXe siècle. Elle avait fait la guerre, elle avait tué, et pourtant elle connaissait moins la vie qu'un nain de jardin".

"Jamais je ne m'étais sentie aussi proche de Robyn. Elle avait compris qu'il existe des choses plus terribles que les blessures et la mort. Si votre âme est irrémédiablement abîmée, alors quelle importance ça peut avoir que vous soyez encore capable de respirer, de déféquer, d'accomplir toutes ces fonctions vitales décrites au chapitre 4 de votre manuel de biologie ?".

"Tout ça pour dire que je ne l'ai pas joué 'La petite maison dans la prairie'. Je n'allais pas vers tout le monde en claironnant : 'Bonjour, mes amis, comment allons-nous aujourd'hui ? Est-ce que la vie n'est pas merveilleuse ?". Je ne suis pas idiote à ce point. Mais j'ai tenté de ne pas trop me replier sur moi-même, voilà tout".

Pour conclure, je n'ai qu'un mot à dire : Extraordinaire ! Je suis totalement fan de cette saga et ce 5ème tome a répondu à toutes mes espérances ! Du coup, j'ai un peu peur d'être déçu dans le prochain tome car je me demande comment l'auteur va arriver à encore nous épater....Evidemment, je ne peux que vous conseiller la lecture de cette saga. Elle est culte en Australie et ce n'est pas pour rien !


Ma note : 19/20

Si vous avez aimé ce livre, vous aimerez peut-être aussi :

  

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire