samedi 30 janvier 2016

Un mari féroce



Julie Garwood
Les éditions j'ai lu (1994)
442 pages

Synopsis :
Mariée de force au cruel baron Raulf qui la bat et la torture, Johanna accueillerait sans doute la mort comme une délivrance. Mais Raulf tombe d'une falaise et voici Johanna rendue à la liberté... Pas pour longtemps. Pour se protéger du roi, Johanna doit absolument se remanier au plus vite. Son frère lui conseille d'épouser Gabriel MacBain, un chef de clan écossais... Gabriel, en guerrier assoiffé de combats, n'a que faire d'une femme ! Mais Johanna lui apporte des terres de grande valeur... Pour sa part, la blonde jeune femme se résout, la mort dans l'âme, à épouser ce colosse arrogant... Il est son seul salut... Dans ses bras, pourtant, Johanna va découvrir ce dont Raulf l'a toujours privée : le plaisir. Et Gabriel, sans oser l'avouer, est sous le charme... Mais, comme revenu de l'enfer, Raulf réapparaît...

Un mari féroce est un roman vraiment excellent si vous aimez les histoires d’amour sous le ciel de l’Ecosse au début du 13ème siècle. Cette histoire ne manque pas d’humour mais aussi de romantisme (évidemment !), de scènes un peu plus olé olé et surtout, il envoie un message féministe assez appréciable. Rien d'original, vous allez me dire, dans la mesure où c’est généralement le cas dans beaucoup de livres où les femmes sont les héroïnes principales mais Un mari féroce possède un petit plus qui le démarque (j’y reviendrai plus longuement dans la suite de cette chronique). Je ressors charmée par ma lecture et il va sans dire que je relirai sans doute d’autres livres de cette auteure.

Ce que j’ai aimé dans cette histoire :
1#-Les caractères bien affirmés de nos deux protagonistes principaux : Que ce soit Johanna, la belle anglaise ou Gabriel, le colosse des Highlands, chacun possède une très forte personnalité. Leurs passés respectifs y sont sans doute pour quelque chose, notamment Johanna qui a vécu l’enfer lors de son précédent mariage forcé. Il est intéressant de voir que, même si chacun se plait physiquement, ils ne veulent pas s’avouer leur amour et se blindent ainsi d’une possible désillusion...Nous assistons donc à des situations cocasses où Gabriel MacBain aboie beaucoup mais ne mord jamais ! Johanna ne se laisse pas intimider et comme elle a réussi à dompter l’énorme chien-loup de Gabriel, elle utilise le même style de procédés avec son époux impétueux et fort en gueule. Ainsi, une petite caresse sur le visage pendant qu’il boue de colère l’apaise instantanément !  

« MacBain secoua la tête. – Je veux ce qui m’appartient de droit. Si pour obtenir ces terres, je dois épouser cette mégère, je le ferai.
-Pourquoi crois-tu que c’est une mégère ? s’étonna Nicholas, abasourdi.
-Tu m’as donné suffisamment d’indices pour que je devine à quoi elle ressemble, répondit MacBain. A l’évidence, c’est une femme obstinée puisqu’elle refuse de confier à son propre frère un renseignement de la première importance. Elle a besoin d’un homme qui la contrôle….Ce sont tes propres mots, Nicholas, alors ne fais pas semblant d’être surpris. Et pour finir, elle est stérile. Le portrait est flatteur, tu ne trouves pas ?
-Oh le modèle est parfois mieux que le portrait.
MacBain se gaussa. –Je n’attends rien d’elle comme épouse et tu as raison, je la traiterai correctement. J’imagine que nous trouverons un moyen de nous éviter réciproquement ».

« Je ne veux pas de lui, Nicholas. Tu dois avoir perdu la tête pour croire que j’épouserai ce monstre.
-Les apparences sont trompeuses, Johanna, répliqua son frère. Attends que nous soyons plus près. Tu verras la bonté dans ses yeux. Elle secoua la tête. Ses mains tremblaient si violemment qu’elle avait du mal à tenir les rênes de sa monture. Elle raffermit sa prise en essayant de ne pas rouler des yeux horrifiés à la vue du gigantesque guerrier….Et de l’animal effroyable affalé à ses pieds. Ils s’approchaient du site désolé. Le Laird se tenait sur les marches menant à un château en piteux état. Il ne semblait pas particulièrement ravi de la voir. Quant à elle, la vue du Laird MacBain la terrifiait. Elle respira profondément pour tenter de se calmer.
-De quelle couleur sont ses yeux, Nicholas ? Il n’en savait rien. –Ainsi, tu as remarqué la bonté dans ses yeux mais pas leur couleur ?
-Les hommes ne remarquent pas les détails aussi insignifiants, se défendit-il ».

« MacBain perçut vaguement la murmure d’approbation quand Johanna se débarrassa enfin de sa cape qu’elle tendit à son frère. Il n’aurait su dire si lui-même avait laissé échapper une exclamation. Elle était d’une beauté saisissante. Nicholas n’avait rien dit de son apparence et MacBain, que ce sujet laissait indifférent, ne lui avait rien demandé. Il jeta un coup d’œil au baron qui affichait un air rieur. Il sait que je suis épaté, se dit-il. MacBain masqua sa stupéfaction et concentra toute son attention vers la superbe jeune femme qui venait vers lui. Seigneur, elle était magnifique ! Ses longs cheveux blonds lui balayaient la taille à chaque pas. De minuscules taches de rousseur se serraient sur les ailes de son nez. Ses yeux étaient d’un bleu clair et limpide, son teint parfait et sa bouche…Bon sang, sa bouche aurait damné tous les saints du Paradis ».

« Je n’aime pas les hommes forts surtout s’ils sont beaux.
-Vous me trouvez beau ? Il semblait surpris comme s’il n’avait pas véritablement conscience de son charme.
-Vous m’avez mal comprise, Milord. Votre beauté ne plaide pas en votre faveur. (elle ignora son expression incrédule). Et je n’aime pas vraiment les hommes forts ».


2#-Le message féministe qui est toujours d’actualité : Alors, ce n’est une surprise pour personne si je vous dis que Johanna, en tant que femme de la noblesse au 13ème siècle, n’a aucun droit de choisir son futur mari et subit forcément un mariage forcé pour raisons politiques et autres alliances stratégiques. Cela a été le cas lors de son premier mariage, avec un homme extrêmement cruel (un pervers narcissique dans toute sa splendeur), qui n’a pas cessé de la rabaisser psychologiquement, qui la battait et lui a laissé croire que c’était de sa faute si elle n’arrivait pas à lui donner d’héritiers….Ce sale type meurt accidentellement et Johanna se retrouve veuve très jeune (puisque mariée très jeune). Comme son père est décédé, c’est son frère, Nicholas, un baron anglais, qui va se charger de lui trouver un autre mari « convenable » avant que d’autres prétendants du même acabit que son 1er mari ne veuille demander sa main (car la petite a une dote conséquente qui pourrait en attirer plus d’un…). On peut bien évidemment dire que Johanna a eu de la chance de tomber sur Gabriel MacBain, le Laird des clans MacBain et MacLaurin. Celui-ci était pourtant un ancien ennemi de son frère Nicholas (puisque Johanna est anglaise, ne l’oublions pas et à cette époque, c’était un peu tendu avec l’Ecosse…), mais malgré tout, Gabriel MacBain accepte, sans l’avoir rencontrée, l’union « de raison » avec cette anglaise qui lui apporte des terres et de la richesse….Après leur mariage, Gabriel sera, certes, un peu macho et très protecteur avec son épouse qui a une apparence fragile et délicate, mais il sait aussi reconnaître ses talents et son courage. Plusieurs événements qui vont se dérouler dans le livre vont lui prouver que Johanna est une femme forte, intelligente mais aussi pleine de bonté. L’auteure, Julie Garwood, dans son récit, a aussi mis le doigt sur la question religieuse et la manière dont les femmes étaient estimées par l’église à cette époque (ou plus exactement par certains hommes d’église qui voulaient asseoir leur pouvoir et leur influence sur le peuple). Ainsi, dès les premières lignes du Mari féroce, ne vous étonnez pas de lire un extrait cité par un religieux qui met les femmes en dessous des animaux dans le classement de la considération du Seigneur…..En tout cas, j’ai été ravie de lire les prises de position de l’auteure dans ce livre et surtout le changement qui s’opère auprès de Johanna quand elle comprend que, non, elle ne mérite pas l’enfer tout simplement parce qu’elle est une femme ! Il faut dire que, encore une fois, elle a de la chance que son beau highlander de mari soit un homme qui reconnaît la valeur de chacun – quelque soit son sexe, son âge etc…..Et surtout, il s’en fout totalement de la religion ! (un petit clin d’œil avec les scènes cocasses quand Johanna s’inquiète du salut de l’âme de son mari qui, avec son clan, adore voler les autres clans !).

« -L’obéissance et la soumission ne sont pas nécessairement la même chose, aboya-t-il.
-On m’a enseigné le contraire, se défendit-elle.
-On vous a mal enseigné ».

3#-Les histoires de clans : En effet, en plus d’être une anglaise qui débarque dans les Highlands, donc avec de très forts à priori et une certaine hostilité à son encontre de la part des Ecossais, Johanna arrive à se faire accepter très rapidement de tous, que ce soient les hommes ou les femmes ! De plus, petite particularité, Gabriel MacBain gère deux clans, les MacBain et les MacLaurin, qui adorent se chamailler. L’histoire du plaid de chaque clan que Johanna doit porter un jour sur deux, en tant qu’épouse du Laird est vraiment comique ! (une sorte de running gag qui va perdurer durant tout le récit !). Car évidemment, la jeune femme ne cesse de s’emmêler les pinceaux, au risque de provoquer parfois de gros incidents diplomatiques (car les highlanders sont comme les gaulois, ils adorent se chamailler et se réconcilier autour d’un verre !).

4#-L’amoûûûr toujours ! En effet, en plus de suivre la rencontre et « l’apprivoisement » l’un envers l’autre de Johanna et Gabriel, nous suivons également d’autres petites histoires d’amour annexes. Bon, mon grand cœur de romantique aurait bien aimé que ces histoires soient un peu plus développées mais bon, c’est pas grave….Ce livre dégage beaucoup d’amour, que ce soit l’amour entre une femme et un homme, ou l’amour familiale ou encore l’amitié ! C’est vraiment un livre positif à ce niveau là et on ne peut qu’avoir le sourire aux lèvres en refermant ce livre !

Pour conclure, j’ai beaucoup aimé ma lecture du Mari féroce. Gabriel MacBain, le grand colosse Laird des Highlands est impressionnant mais il a réussi à se faire dompter par la délicieuse et délicate Johanna. Nous prenons plaisir à suivre le développement de leur histoire d’amour, la révélation de leurs sentiments et de leur attachement l’un pour l’autre. La partie « aventure et intrigues politiques » est aussi présente avec des rebondissements, des histoires de clans mais aussi des loups sauvages et dangereux. L’auteure, Julie Garwood, a su aussi mettre beaucoup d’humour et de répliques qui font mouche, surtout de la part de la très intelligente et perspicace Johanna. Et enfin, il y a ce fort message féministe qui m’a énormément plu. Je vous recommande à 100% Le Mari féroce, et je regrette qu’une chose, c’est de ne pas l’avoir sortie plus tôt de ma PAL !


Ma note : 18/20

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