jeudi 10 août 2017

Tomorrow, quand la guerre a commencé - Tome 6 : Chasse nocturne


John Marsden
Les Editions J'ai Lu (2000)
Edition originale 1998
189 pages

Synopsis :
Soudain, un cri retentit derrière moi. Fiona ! Je fis volte-face avec un horrible pressentiment. Quelque chose dans la manière dont elle avait crié... Je la vis se précipiter dans les broussailles sur le bas-côté du chemin. Oubliant mon épuisement, je revins sur mes pas en courant. Lorsque je la rejoignis, je me demandai pourquoi ni Homer ni moi n'avions rien vu. Un petit corps gisait, inerte, sous un acacia. Une fillette...

Aaah ! Quel bonheur, quelle joie de retrouver les aventures d'Ellie et de ses amis dans cette Australie envahie par une armée étrangère ! (dont nous ne connaissons toujours pas l'identité, juste que c'est un pays asiatique !). 



Dire que j'adore cette saga est un euphémisme, pour moi, c'est carrément culte et dire que j'ai attendu 2 ans entre le tome précédent et celui-ci, quelle erreur de ma part !!!!

Alors oui, vous l'aurez compris, j'ai de nouveau passé un très bon moment avec ce 6ème tome de Tomorrow, quand la guerre a commencé de l'auteur australien John Marsden.

"Je leur ai parlé calmement, comme si je m’adressais à un troupeau de moutons. Avec les bêtes, on sait qu’elles ne comprennent pas forcément le sens des mots qu’on prononce. Ce qui compte, c’est comment on les prononce. Avec ces gosses, j’ai murmuré, évoquant essentiellement la nourriture. J’étais de plus en plus convaincue que manger était la clé de tout. Le chemin de leur cœur passait par leur ventre. Scientifiquement, ça n’a peut-être aucun sens mais émotionnellement, c’était vrai".

Bon, dois-je revenir sur le fait que cette saga est cultissime dans son pays d'origine, elle est même étudiée à l'école. Un film retraçant les péripéties de nos jeunes héros dans le 1er tome est sorti en VF en 2010 mais il  n'y a jamais eu de suite (à ma connaissance). Et en 2016, il y a eu une mini série avec 6 épisodes (que je n'ai pas vue mais renseignements pris sur wikipedia, c'est encore basé sur le 1er tome de la saga).




Bande annonce du film de 2010

Bande annonce de la mini série de 2016

J'en remets une couche (car j'ai du le signaler à chacune de mes chroniques des tomes précédents), mais je trouve déplorable le fait que les maisons d'Edition françaises n'ont jamais traduit le 7ème et dernier tome et que les autres tomes soient très difficilement trouvables en format livre (heureusement que les epub existent !). 

Je ne comprends pas que certaines bouses littéraires fassent des succès colossaux dans notre pays (et parfois dans le monde entier) alors qu'ils sont mal écrits (je pense notamment à une saga avec du gris...enfin du grey...) alors que d'autres livres comme cette saga Tomorrow quand la guerre a commencé passe quasiment inaperçue (dans notre pays)....

Sauf que, en faisant des recherches, j'ai découvert un groupe de passionnés qui traduisent les chapitres du 7ème tome ! Honte à vous, Maisons d'Edition ! C'est scandaleux qui vous ayez stoppé la traduction de cette saga ! Si vous me sortez l'argument à la mords-moi-le-noeud du style "Nous avons arrêté la traduction et l'édition de cette saga car elle ne se vend pas".....Et bien moi, je vous répondrais que c'est peut-être parce que le dernier tome (celui que je chronique aujourd'hui) date de 2000 et que les nouveaux lecteurs qui seraient susceptibles de vouloir commencer cette saga (des ados qui n'étaient pas encore nés en 2000, par exemple, et qui ne sont pas encore trop à l'aise avec la langue anglaise), savent bien que le 7ème tome n'est pas sorti depuis 17 ans et donc, ils hésitent évidemment à lire cette saga !!!!!! Normal et implacablement logique ! 


Fort heureusement, nous avons donc cette équipe de traducteurs qui vont finir votre boulot et du coup, cela n'empêchera pas les ados d'enfin débuter cette merveilleuse aventure de lycéens australiens sous fond de guerre et de survie......A bon entendeur....



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Au  niveau rythme, Chasse nocturne alterne entre les moments ultra speed (comme la course-poursuite en moto qui illustre la couverture du livre) et les passages un peu plus lents, où nos héros perdent leur temps à revenir sur leurs pas, tergiversent, hésitent et gaspillent leur force à crapahuter dans le bush australien...Ellie et ses amis vont devoir se creuser la tête pour prendre les bonnes décisions et comme le dit si bien le dicton : "Quand on n'a pas de tête, on a des jambes...". 

Ce 6ème tome ne fait "que" 189 pages, autant dire qu'il peut se dévorer d'une traite mais, de vous à moi, quand on est fait fan comme moi de cette saga, on souhaiterait le faire durer un peu plus longtemps mais l'écriture est tellement addictive et passionnante que non, il faut absolument savoir ce qui va se passer à la page suivante jusqu'à la page finale qui laisse augurer un ultime tome d'enfer puisque nos amis ne sont plus vraiment à l'abris à Hell....Il faut vraiment que leurs alliés néo-zélandais leur viennent en aide, ça urge !

Ce que j'ai aimé dans ce livre :
1#-Les petites anecdotes : L'auteur australien John Marsden le fait à chaque fois dans ses tomes, il ajoute des petites réflexions (toutes droit sorties de la bouche ou des pensées d'Ellie notre héroïne), qui nous font voir le monde d'une autre manière, nous ouvre des perspectives de pensée que nous n'aurions pas forcément eues nous-mêmes.....J'adore ! Attention zone spoilers ! Cliquez sur le mulot et passez le texte en surbrillance ! Le passage où Ellie est enfermée dans le coffre par les ennemis est vraiment intense et on ressent totalement le malaise de la jeune fille qui a mal partout, ne peut pas bouger, est dans le noir, et surtout manque d'air ! (il ne faut pas être claustrophobe en lisant ce passage, moi, je vous l'dis !). 

"— Celle-là est vide, dit Quentin, interrompant le cours de mes réflexions. Vide. Quel mot hideux ! La plupart des fermiers – et des vétérinaires – sont des hommes. Et ça s’entend. Jamais une femme n’utiliserait un terme pareil. Quentin attrapa la tondeuse, lui rasa la queue et lui apposa une marque. Alors seulement, je la laissai passer dans un autre petit enclos avec sa queue tondue. 
— Bienvenue chez les ratées, lui dis-je. Tu n’es pas enceinte. Donc, tu es une ratée. 
— Ellie, tu la fais sortir ou tu lui fais la conversation ? cria papa. Je rougis. J’espérais qu’il ne m’avait pas entendue. J’ai agité mon chapeau devant la vache pour l’attirer dans l’enclos. N’empêche que ce que je venais de dire était vrai. Elles n’avaient qu’une seule chance et si elles la loupaient, elles étaient finies. On ne pouvait pas se permettre de les laisser dévorer l’herbe des paddocks si elles étaient « vides ». Une fois la queue rasée, elles n’avaient plus grande valeur pour quiconque. Elles partaient droit à l’abattoir. Peu importait qu’elles soient sympa, qu’elles possèdent un super sens de l’humour ou que ce soit agréable de discuter avec elles ou même qu’elles soient très intelligentes. Si elles étaient enceintes, elles avaient de la valeur. Sinon, non. Au lycée, en seconde, je me souviens d’avoir entendu un jeune prof de la ville dire que les filles des fermes étaient dures comme la pierre. Mais, bon sang, comment pourrait-il en être autrement ? D’aussi loin que je me souvienne, j’ai vu des vétos enfoncer le bras dans le ventre des vaches pour s’assurer qu’elles étaient engrossées. Je suis sûre que ce prof n’a jamais enlevé le pollen dans les yeux de quatre cents brebis : tout ce mucus blanchâtre et cette odeur qui vous donne envie de vomir. Je parie qu’il n’a jamais sorti un veau mort d’une génisse en plein travail, un veau mort depuis une bonne semaine et qui s’est décomposé dans le ventre de sa mère. J’ai remarqué qu’il ne disait rien à propos des garçons des fermes. Comparées à certains d’entre eux, les filles sont aussi raffinées que des hôtesses de l’air".


2#-Retour aux sources : Le fait que nos amis décident de retourner à Hell, le gouffre caché dans le bush pas très loin des terres qui appartenaient aux parents d'Ellie nous rappelle évidemment le 1er tome puisque c'est à cet endroit que le petit groupe, à l'époque, avec plus de membres, avait pris refuge.....Ce 6ème tome est plus court que les autres et nous sentons la fin arriver, et je trouve vraiment bien que nos héros terminent là où ils ont commencé même si, en fait, tout peut encore arriver dans le prochain et ultime tome, nous sommes bien d'accord ! Mais bon, il ne faut pas oublier qu'Ellie et ses amis auraient très bien pu rester en Nouvelle-Zélande, là où ils avaient trouvé refuge quelques semaines auparavant et attendre la fin de la guerre et de l'occupation étrangère dans leur pays....Heureusement, ils ne l'ont pas fait, ils ont décidé de retourner dans leur pays, aidés par des militaires néo-zélandais, afin de continuer à se battre pour leur terre natale qui est, pour le moment, complètement colonisée par l'armée étrangère....



3#-L'armée d'enfants perdus : Précédemment aperçus dans le 5ème tome, nous retrouvons de nouveau les gamins des villes livrés à eux-mêmes qui ont un comportement sauvage et impitoyable (à la limite de "Sa majesté des mouches"...). Nous allons faire connaissance de cinq de ces gamins, en particulier, qui vont être "secourus" par Ellie et ses amis.....Même si les gamins ont apporté beaucoup de problèmes à nos héros, il y a eu aussi un côté positif à l'intégration de ces enfants, c'est déjà de "responsabiliser" nos amis, qui ne sont plus, du coup, des gamins eux-mêmes, puisqu'ils ont des enfants de 5 à 11 ans sur lesquels ils doivent veiller (ils deviennent un peu leurs parents....). Nous en apprenons aussi un peu plus sur le passé de ces gamins, qui n'ont pas tous eu la belle vie et du coup, cela se répercute sur leur comportement actuel. Attention zone spoilers ! Cliquez sur le mulot et passez le texte en surbrillance ! La mort de la petite Darina a été éprouvante à lire....Et avec le talent de conteur de John Marsden, nous ressentons totalement l'horreur et l'impuissance ressentie par Ellie face à ce pauvre petit corps laissé à l'abandon dans le bush.... 

"Après un moment, je me suis relevée et j’ai contemplé le chemin. Il n’y avait personne nulle part. Alors, j’ai senti quelque chose. Seigneur Dieu, j’ai senti quelque chose : une solitude atroce. C’était absolument dévastateur d’être seule sur ce chemin perdu avec le corps glacé d’une enfant que je connaissais à peine. Quelque part, Darina avait probablement des parents, peut-être un frère ou une sœur, des amis, une maison, une école, une rue dans laquelle elle avait joué. Maintenant, à cause de cette maudite guerre, elle était couchée là, sans vie, dans ce coin de bush anonyme qui ressemblait à n’importe quel autre coin du bush. Partout, toujours, ces mêmes broussailles, devant, derrière, autour, à perte de vue. J’imagine que cela n’avait aucune importance, mais là, sur l’instant, cela me paraissait tragique et désespérant que Darina soit morte dans un paysage aussi morne, que ceci ait été la dernière vision qui s’était offerte à elle avant que ses yeux ne se ferment à jamais. J’aurais aimé qu’elle voie quelque chose de beau, d’unique ou de mémorable".

"Dans les films, quand quelqu’un meurt, on lui couvre toujours le visage. En regardant Darina, je n’ai pas eu envie de le faire. Son visage était si calme et si joli. Sa bouche était un peu molle. La tension avait abandonné ses lèvres. Tout en la contemplant, j’essayais de me faire à l’idée qu’elle était morte. La mort est la chose la plus étrange du monde. Comment peut-on vivre, penser, rêver, rire et, l’instant d’après, plus rien ? L’arrêt total. J’aurais voulu croire dans des trucs comme la réincarnation, mais quand on travaille dans une ferme, c’est difficile, parce qu’il y a tant de mort. Je ne pouvais pas croire que les sauterelles, les moustiques ou les mouches se réincarnaient et si ça ne leur arrivait pas à eux, pourquoi cela arriverait-il aux humains ? Qu’est-ce qui nous rendrait si spéciaux ?"

4#-L'évolution d'Ellie : Notre héroïne est un personnage fort, déterminé qui n'a peur de pas grand chose (en tout cas, elle évite de montrer ses doutes aux autres et est toujours candidate pour les "actions de force"). Dans le précédent tome, il y avait eu une grosse fracture dans la relation qu'elle entretenait avec Lee....Toute cette rancoeur de la part de la jeune fille continue de plomber l'ambiance dans le groupe. Du coup, c'était intéressant de voir Ellie se faire remonter bretelles par Fiona, d'essayer ensuite de devenir "plus adulte" en comprenant Lee....En effet, dans un groupe aussi restreint, dès que des tensions arrivent, cela peut devenir dangereux et même mortel. Même s'ils ont l'âge d'être encore des lycéens insouciants, la guerre leur a enlevé leur "innocence" et maintenant, elle doit apporter à Ellie une certaine maturité pour pouvoir continuer à co-exister auprès du garçon qui lui a brisé le coeur....Et peut-être que quelque chose de bien pourrait en ressortir, mais pour cela, il faut qu'Ellie fasse des efforts et vu que c'est une jeune fille orgueilleuse et fière, ce n'est pas facile !

"Enfin, peu importe, reprit Fiona. D’une certaine façon, ce qui compte, ce n’est pas ce que Lee a fait, c’est de savoir jusqu’à quand tu vas le lui reprocher ? On doit être solidaires, tu le sais, et si on commence à s’en vouloir, à se reprocher des trucs, dans moins d’une semaine plus personne ne parlera à personne. Mais, même ça, ce n’est pas le plus important pour moi, Ellie. Le plus important, c’est que je veux retrouver l’Ellie d’avant. L’Ellie qui aidait toujours ceux qui avaient des ennuis, qui était toujours là pour ses amis. Si la guerre a tué cette Ellie, alors il n’y a plus d’espoir pour aucun d’entre nous".

"D’un autre côté… eh bien, d’un autre côté, j’étais peut-être un peu trop critique envers les autres et un peu dure avec les gosses. C’était plus fort que moi. Je ne m’en rendais même pas compte. Le ton de ma voix, l’impatience avec laquelle je les écoutais. Mais j’avais toujours été critique. C’est ma nature. Fiona ne l’avait peut-être pas remarqué avant la guerre. Nous étions bonnes amies à l’époque mais il y avait toujours des tas de gens autour de nous. Nous ne nous connaissions pas comme nous nous connaissions à présent".

Pour conclure, ce tome m'a encore un fois transportée dans la chaleur étouffante du bush australien. Rien qu'en lisant le livre, j'avais la gorge sèche, la sensation d'avoir le visage plein de poussière, et j'entendais les moutons bêler au loin.... Ce livre se vit totalement et pleinement, grâce à la plume géniale de l'auteur australien John Marsden qui a le chic pour nous décrire avec beaucoup d'authenticité et d'intensité les pensées et les nombreux états d'âme d'Ellie, notre jeune héroïne, qui sert un peu de meneuse dans ce petit groupe d'adolescents résistants et livrés à eux-mêmes. L'idée ici d'inclure dans leur groupe des enfants de la ville, eux aussi orphelins et très méfiants des "plus grands" a été une bonne idée de la part de l'auteur, même si certains passages sont assez durs à lire émotionnellement.....Cette saga est culte en Australie depuis plus de 20 ans, et cela, à juste titre. Si vous ne connaissez pas Tomorrow, quand la guerre a commencé, qu'attendez-vous pour vous y plonger surtout qu'un groupe de fans a décidé de traduire le 7ème et dernier tome de la saga (puisque les maisons d'Edition ont laissé la saga en plan depuis 2000....Quelle honte !!!!!). Heureusement, ce sabotage culturel va bientôt être réparé....En attendant que le 7ème tome soit entièrement traduit, je vous encourage donc vivement de commencer la saga dès maintenant, très franchement, vous ne le regretterez pas ! (et si vous préférez lire en VO, et bah, qu'est-ce que vous attendez, nondidiouuuu !). Cette saga est étudiée dans les lycées australiens, c'est vous dire sa qualité et son impact sur ce pays !....Vous aussi, rejoignez les fans d'Ellie, Homer, Fiona, Lee, Kevin et leurs nouveaux amis ! 

Ma note : 18.5/20


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