mardi 19 septembre 2017

Ca peut pas être pire...



Nathalie Roy
Les Editions Libre expression (2016)
336 pages

Synopsis :
Que faire quand on perd son emploi et que, le même jour, en pleine canicule, notre frigo et notre ventilateur nous lâchent ? On quitte notre 3 1/2, on se loue un chalet près d'un lac et on vit un été pas comme les autres!
Valéry Aubé, une très jolie femme de trente-quatre ans avec quelques livres en trop, n'a absolument rien qui la retient à Montréal. Pas de job, pas de chum et même pas de chat. Elle se retrouve alors sur le bord du lac Memphrémagog pour tenter de recréer les vacances de sa jeunesse. Ces quelques semaines amèneront l'héroïne à réfléchir sur ses amours et sur l'importance qu'elle donne à son apparence.

« Mes relations avec les hommes ont toujours été stressantes. Un stress que je m’imposais avec les mille et une questions que je me posais. Allait-il me trouver à son goût demain, et après-demain? En aurait-il assez un jour de faire l’amour avec une fille qui a besoin de deux ou trois verres de vin pour laisser les lumières allumées? Allait-il supporter encore longtemps mon régime annuel et ma mauvaise humeur qui vient avec? Je me rends compte que je n’ai jamais vraiment profité à 100% de ma vie conjugale. J’ai toujours éprouvé de la peur et j’étais constamment sur le qui-vive… Ce n’est pas normal, ça! Une relation amoureuse, c’est fait pour s’abandonner, pas pour s’inquiéter tout le temps! »

Cela fait plus d'un an que j'ai ce livre dans ma pile à lire et très franchement, je regrette de ne pas l'avoir lu plus tôt car j’ai vraiment a-do-ré !

Bien entendu, il est plutôt conseillé de lire Ca peut pas être pire en été, pour être en adéquation avec Valéry, notre héroïne, puisque l’action du roman se passe à cette saison, mais ce livre donne tellement la pêche et la banane qu’on peut le lire à n’importe quel moment dans l’année, of course !

Ca peut pas être pire relate les aventures sentimentalo-professionnelles d’une jeune trentenaire rousse, Valery, qui est une très jolie fille un peu enrobée, pétillante et pleine de joie de vivre mais obsédée et complexée par son poids (comme nous toutes, remarquez…) et qui apprend de manière vraiment pas classe qu’elle vient de perdre son job (ou plutôt « sa » job, comme on dit au Québec !). Loin de sombrer dans la déprime, Valéry décide de partir se mettre au vert – puisque nous sommes en juillet – et quoi de mieux que le lieu où elle avait l’habitude de passer ses étés avec ses parents, quand elle était ado, dans un charmant petit chalet au bord d’un lac... Ca peut pas être pire c’est une histoire d’amitié(s), de romance(s), de désillusions, de mensonges et de trahisons….Mais avec un super happy end à la fin, bien entendu !

Les cinq « mots » clé de ce roman sont : Raton laveur, Mouffette, bain de minuit, vin, toilettes sèches…..Oui, cela laisse rêveur….Je vous laisse imaginer tout ce qui a pu arriver à notre chère Valéry durant son séjour au bord du lac Memphrémagog….

  
Ce que j’ai aimé dans ce livre :
1#-Une histoire québécoise : J’ai toujours aimé le Canada et tout particulièrement le Québec. D’ailleurs, l’une des sagas qui a marqué mon adolescence est bien entendu « Les filles de Caleb » d’Arlette Cousture dont j’ai lu les livres (après avoir regardé le fantastique feuilleton tiré des romans « Emilie ou la passion d’une vie »….D’ailleurs, j’avais fait un petit article dans mon blog à propos de ce feuilleton <ici>). Bref, depuis cette époque bénit des années 90, Internet et notamment Youtube sont arrivés dans nos vies et très franchement, les youtubeuses québécoises telles que Cynthia Dulude ou Eve Martel font partie de mes préférées, tous pays confondus ! J’aime leur « décontraction » et leur « joie de vivre » que les européennes n’ont pas forcément….Je ne sais pas, le Canada, pour moi, fait partie des pays où il doit vraiment faire bon de vivre (peut-être à cause de la nature omni-présente, les grands espaces….C’est comme les Etats-Unis mais en moins…hum….En moins violent….Le seul truc qui manque au Canada ce sont les « vieilles pierres »….Et c’est dans ces moments-là que je chérie vraiment de vivre en France, et plus particulièrement en Normandie…Mais si un jour, je devais quitter la France, le Canada et notamment le Québec ferait partie de mes destinations prioritaires, c’est sûr !). Quoiqu’il en soit, au bout d’un moment, les expressions telles que « je capote » ou « bon matin » n’ont plus de secrets pour moi. Après, il m’a quand même fallut un traducteur en ligne pour comprendre ce que des mots comme « condo » veulent dire ! Quant au « ouin ! » énormément utilisé dans le livre, cela veut dire « « ouais ! » mais c’est con, mais dans ma tête, à chaque fois que je tombais sur ce mot j’avais l’impression que le personnage pleurait comme un bébé !..... Cela dit, même si les expressions québécoises sont nombreuses dans ce livre, et que l’écriture des dialogues est « nature » (par exemple, au niveau des négations comme « j’ veux pas » au lieu de « je ne veux pas »), cela reste totalement compréhensible, pour nous lecteurs français et je dirai même que cela apporte un charme supplémentaire au récit car nous sommes vraiment totalement immergés dans la culture québécoise…Même Romain, le personnage français du livre, s’y est totalement acclimaté ! Moi qui aime « me cultiver » en lisant des romans, j’ai aussi apprécié es références culturelles propres au Québec que je ne connaissais pas comme le fromage Mt St Benoit ou l’acteur Eric Bruneau qui sont évoqués par notre chère Valery !

« Quelques heures plus tard, la tête enfouie dans l’épaule de mon père, à somnoler devant une pièce de théâtre qui me laisse indifférente, je songe de nouveau à cet homme que j’espère voir débarquer un jour dans ma vie. Sera-t-il grand comme je les aime? Avec des yeux rieurs comme ceux de mon père? Avec un sourire aussi craquant que celui de mon acteur québécois préféré, Éric Bruneau? »

2#-Valéry, une trentenaire bien dans son époque : Ce que j’ai tout de suite aimé dans cette histoire, c’est la personnalité énergique de notre héroïne, qui est toujours en mouvement, qui sait s’affirmait auprès des autres, et surtout, qui ne se laisse pas démonter par les aléas de la vie. Valéry est célibataire, elle travaille dans une boutique de fringues (au tout début du livre), elle a l’habitude de manager une équipe et est très à l’aise avec les gens. C’est quelqu’un de profondément gentil et d’honnête et du coup, quand elle apprend de manière vraiment irrespectueuse qu’elle est « virée » de son poste, nous voyions la jeune femme en pleine révolte et c’est un délice ! Comme la pub « au revoir, Président » qui passait à la télé, nous avons tous un jour ou l’autre envie de faire cela à un patron (ou un chef de service…) et c’est donc très plaisant de voir notre héroïne à l’action ! Ensuite, même si elle est en vacances (ou plutôt au chômage…), cela ne l’empêche pas de proposer son aide aux autres….Ses vacances sont loin d’être reposantes et elles vont être hyper enrichissantes car notre jolie rousse va découvrir l’univers viticole et cela va être une révélation pour elle !



« Mais tout ça revient au même: recommencer au bas de l’échelle. Pas question de m’abaisser à ça. Pas à l’aube de mes trente-cinq ans.
— Of course, continue Malcolm, you’re gonna quit after the closing. WHAT? Il croit que je vais continuer à le servir pendant trois semaines? Alors qu’il n’a pas daigné me mettre au courant de la situation? Non mais pour qui il me prend? Valéry Aubé n’est pas une mauviette qui se laisse marcher sur les pieds, et Malcolm va l’apprendre… et payer le prix de sa gestion inhumaine!
— Non, je pars immédiatement.
— Pardon?
— Je pars maintenant! Ou pour être plus claire: right fucking now! Son air stupéfait m’indiffère. Je n’ai pas envie de reculer, même si je me sens un peu coupable envers mes collègues. Ce sont elles qui se retrouveront avec tout le travail, mais il en va de ma dignité ».

« Je me retourne une dernière fois et je vois que Malcolm n’affiche plus une mine stupéfaite, mais plutôt un regard méprisant. C’est suffisant pour me ramener à mes premières intentions qui, finalement, sont les bonnes! Telle une star qui quitte la scène, je franchis la porte dignement, le menton bien haut, en regardant devant moi. S’ajoute à cela une indiscrète mélodie d’alarme antivol. Je m’en balance. Mon destin m’appartient désormais et je n’ai pas besoin d’un Anglais de boss arrogant pour poursuivre ma route ».

3#-L’humour : Mon Dieu ! Certains passages m’ont vraiment fait éclater de rire, en lisant les déboires de notre pauvre Valéry, qui se retrouve enfermée dans des toilettes sèches puantes, en pleine nuit, par exemple, et qui doit attendre l’arrivée des pompiers, ou bien encore le coup du maillot de bain qui disparaît dans le lac…..Valéry ne cherche pourtant pas les ennuis, mais voilà, il y a des moments où tous les éléments se lient contre elle ! Fort heureusement, il n’y a rien de dramatique là-dedans et la seule chose qui est mise à mal dans l’histoire c’est l’amour-propre de la jeune femme !



« Je commence à descendre la fermeture éclair. Je m’arrête au moment où j’entends un drôle de bruit tout près de moi. Comme si quelqu’un se trouvait dans mon lit et venait de bouger. Je crois même avoir senti du mouvement sur le matelas. OMG! Est-ce possible que je ne sois pas seule? Mais non, voyons! Mon imagination me joue des tours. Si une personne était entrée dans le chalet cette nuit, je m’en serais rendu compte, c’est évident. Je reprends le contrôle de mes émotions quand un autre bruit me fait sursauter. Serait-ce une respiration? Nahhh. Impossible. J’ai beau essayer de me convaincre, je ne suis pas rassurée pour autant. Je vérifie en allumant la lampe de poche de mon iPhone. À ma droite, sur le lit, j’aperçois une boule grise, de laquelle s’échappe une queue rayée… FUCK ! Y a un raton laveur dans la chambre!
— AHHHHHHHHHHHHHHH! Mon puissant cri réveille la bête, qui redresse lourdement la tête. RE-FUCK! D’une main tremblante, je descends la fermeture éclair du sac de couchage qui bloque à mi-chemin… Quand ça va mal… Je saute du lit, le sac de couchage coincé sur mes hanches. Dans ma précipitation, je tombe et je m’étale au sol de tout mon long. Ah non! S’il fallait qu’il s’approche! Yeurk! C’est plein de maladies, ces animaux-là, et ça mord en plus. Je dois fuir au plus vite. Je réalise que c’est ma chemise de nuit qui est prise dans la fermeture éclair. Je tire pour la dégager, mais il n’y a rien à faire. Je vois le raton laveur se lever et marcher sur le lit.
— AHHHHHHHHHHHHHHH! ».

« — Non! J’veux ma balle!
— Est pas là, tu vois bien! Allez, ouste! Le gamin se fiche de moi et il continue de chercher sa balle sur le sol détrempé. Ça ne se passera pas comme ça! Aux grands maux les grands remèdes! Je décroche la douche et je lui envoie un puissant jet d’eau dans le dos. Quin, toé!
— Ahhhhhh! Arrête! Pas question! Je fermerai l’eau quand il aura disparu. Après quelques secondes de ce traitement-choc, il comprend qu’il a perdu la partie et il se faufile sous la porte pour s’enfuir en courant. Je souris intérieurement. Ça lui apprendra, espèce de petit mal élevé!
— La grosse m’a tout arrosé! QUOI? Est-ce que j’ai bien entendu? Il vient de me traiter de grosse?
— Grosse torche ! ajoute l’autre gamin. Bon, là, ça suffit! Généralement, j’ignore ce genre d’insultes, surtout quand elles proviennent d’enfants. Mais aujourd’hui, je n’ai qu’une envie: crier à la planète entière que je NE suis PAS grosse. Juste ronde!
— Grosse patate!
— T’es comme une montgolfière! OMFG! Celle-là, je ne l’avais jamais entendue. Et puis elle est loin d’être vraie. Je ne fais quand même pas du 28 ! »

4#-Les désillusions de Valery : Notre héroïne est très belle, enfin, tout le monde lui dit qu’elle a un très beau visage….Certes, elle est un peu enrobée et ne répond pas aux critères de minceur de la société actuelle, mais finalement, elle est un peu la « girl next door » lambda que tout le monde peut croiser. Cela change des héroïnes hyper canon qui peuplent les romans sentimentaux (et qui, souvent, ignorent leur beauté et leur sex appeal et sont totalement étonnées quand LE mec hyper canon s’intéresse à elles…Vui vui vui, je suis sûre que si vous lisez beaucoup de romances comme moi, vous êtes déjà tombé sur ce genre de fille bien énervante….). Bref, Valéry, elle, est consciente de son apparence, elle l’est même un peu trop car elle complexe beaucoup….Il faut dire que depuis son adolescence, sa mère la tanne pour faire des régimes et modifier son apparence…Hum, la mère de Valery, qui va apparaître aussi dans le livre, c’est vraiment quelqu’un de spécial…Heureusement que son père fait la contrebalance et soutient Val envers et contre tous !…..Quoiqu’il en soit, même si nous sommes ici dans un roman léger avec beaucoup d’humour, il y a aussi certains passages du livre m’ont vraiment émue car à force d’être dans la tête de la jeune femme, on ne peut qu’éprouver une très forte empathie pour elle et du coup, les « attaques » sur son physique font mouche et comme elle, on a envie de se rebeller face à la bêtise de certains….Attention zone spoilers ! Cliquez sur le mulot et passez le texte en surbrillance ! Il y a bien évidemment le comportement IMMONDE de Christophe qui va finir par coucher avec Valéry et qui s’en vante ensuite après auprès de ses amis….Le moment où Valéry lit le texto sur le téléphone de Christophe m’a vraiment fait du mal pour elle ! c’est franchement dégueulasse !

« J’entends la portière du véhicule qui se referme, des pas qui s’approchent, puis des voix.
— Ah, j’ai oublié de prendre les bouteilles de vin.
— Je m’en occupe. WHAT? Il n’est pas venu seul? Qui est avec lui? Qui est cet homme avec un accent français très prononcé? Pas gêné, Christophe Francœur, de nous imposer un buddy qu’on ne connaît pas! Je me précipite à la fenêtre pour apercevoir Christophe en compagnie d’un gars de son âge plutôt corpulent. Immédiatement, je saute aux conclusions: je ne peux pas croire qu’il m’a amené une date.
— Qu’est-ce qui se passe? me demande Zofia qui semble n’avoir rien remarqué.
— Il est avec un de ses chums.
— Ah ouin? C’est cool, ça. Moi, je suis loin de trouver ça cool, mais je n’ose pas contredire ma copine. Et je garde pour moi la blessure que je ressens. Pourquoi faut-il toujours qu’on veuille me présenter un homme plutôt costaud? Oui, je suis enrobée, mais ça ne veut pas dire que j’aime les gars au physique impressionnant, comme celui qui s’en vient manger à ma table. On me fait le coup trop souvent! Est-ce qu’on peut au moins penser à un mec juste bien proportionné? Après tout, moi, je le suis. Je suis ronde de partout, mais c’est plutôt harmonieux. Surtout quand je porte mes Spanx! ».

« Tu veux qu’on prépare d’autres trucs puisqu’on est ici ? Non mais qu’est-ce qu’il s’imagine ? Que nous allons jouer au couple de gros qui se découvrent et laisser nos amis minces faire la même chose? No way ! Si un match se crée ce soir, ni lui ni moi n’en ferons partie ! ».

« Un nouveau message apparaît sur le téléphone. «J’ai une chance, moi aussi, tu penses? » Quoi? Qu’est-ce qu’il raconte? À quoi fait-il référence? L’euphorie que je ressentais laisse place à un sentiment de peur qui me serre la gorge. Est-ce que mon intuition sait ce que mon cerveau refuse de comprendre? Est-ce que je vis mon pire cauchemar? Un autre ding résonne dans la pièce. Je crains de ne pas aimer ce que je vais découvrir. «J’ai toujours rêvé de fourrer une grosse, moi aussi.» Voilà. C’est dit. Je fige. Pendant quelques instants, je cesse de respirer. Je suis profondément meurtrie. Christophe Francœur a couché avec moi pour vivre son fantasme de ronde. C’est clair. Je parcours cet échange de textos sans aucune pudeur. «On m’avait dit que les grosses étaient cochonnes, je confirme. Valérie est super cochonne. » Je me suis fait avoir comme une débutante! En plus, il ne sait même pas bien écrire mon prénom! Pourquoi je n’ai rien vu? Est-ce que j’ai raté certains signes? Pourtant, il y en avait un qui était assez évident: comment ai-je pu croire une seconde qu’un gars aussi beau que Christophe s’intéressait vraiment à moi pour ce que je suis? C’était certain que ça cachait quelque chose de louche ».

5#-Romain le français : Quand Romain apparaît dans l’histoire, j’avais un peu peur car je sais que nous, français, souffrons d’une réputation pas forcément flatteuse à l’étranger, notamment le fait d’être des râleurs et des prétentieux…..Ouf, j’ai vite été rassurée, Romain, même s’il a quelques défauts pas forcément très simples à régler et qui peuvent donner une mauvaise impression au premiers abords, se trouve finalement être un gars vraiment sympa, chaleureux, amical et surtout, on comprend rapidement qu’il a un faible pour notre héroïne…..Après, c’est sûr qu’il n’a pas le physique ultra avantageux de Christophe mais justement, est-ce que être beau gosse suffit pour être l’homme parfait ?......En tout cas, j’ai vraiment apprécié la manière dont l’auteure a dépeint le nouvel ami français de Valéry. Le fait qu’il soit un expert en vin est certes, sans doute un gros cliché mais finalement, cela ajoute au charme de notre personnage et c’est un vrai plaisir de le voir partager ses connaissances en œnologie avec ses collègues et amis québécois !  (nous ne nous en rendons peut-être pas compte car nous vivons dans cette culture du vin depuis la naissance, mais pour les étrangers, nous avons de l’or rouge, blanc et rosé dans nos bouteilles, n’en doutez pas !). J’ai aussi énormément apprécié le fait que l’auteure québécoise, Nathalie Roy, inclus dans le passé de Romain un événement tragique qui nous est arrivé à nous, français, c'est-à-dire les attentats du 13 novembre 2015, au Bataclan. C’est à ce moment-là que l’on réalise que ce drame n’a pas impacté que sur nous, français….Merci à l’auteure d’avoir rappelé cet événement que l’on ne doit jamais oublier….

« Je ne lui connaissais pas ce côté grognon. Il faut croire que c’est le Français en lui qui refait surface.
 — Désolée, Romain, mais je ne comprends pas pourquoi tu es fâché ».

« —Ton ami d’enfance? Au Bataclan? Mais c’est épouvantable… Je suis sous le choc de ce que vient de me raconter Romain. Pour lui, les attentats de Paris ne sont pas que des images à la télé, des articles sur le Web ou des manifestations dans les rues. Ces événements dramatiques ont un visage, celui d’un homme avec qui il a grandi.
— Je pense à Manu tous les jours. Je pousse nos assiettes souillées un peu plus loin sur la table et je nous ressers du café.
— Il était comment? Parle-moi de lui. Romain se lance dans une longue description de son copain et je l’écoute avec tout mon cœur. Son ami était musicien, mais il gagnait sa vie comme bagagiste dans un chic hôtel du quartier de l’Opéra. Il aimait les jambon-beurre, la bière bien froide et rouler un pétard de temps en temps. Au souvenir de ces petits détails, Romain s’allume et sourit… parfois avec tristesse ».

6#-Les parents de Valery : Si notre héroïne a beaucoup d’amis, il ne faut pas oublier ses parents qui ont aussi une place importante dans le récit. Je l’écrivais un peu plus haut dans ma chronique mais la mère de Valery n’est pas franchement la mère modèle dont tout le monde rêve ! Certes, elle a sans doute souffert suite à son divorce mais son comportement parfois vraiment limite envers Valery m’a énervée….Heureusement, nous pouvons compter sur notre héroïne pour ne pas se faire « bouffer » par cette relation toxique avec sa mère ! Quant à son père, il est le rayon de soleil de Valéry. Ils sont très complices même si son coming out a pu être traumatisant pour l’adolescente qu’était Valéry à l’époque…..La famille de Valéry est décidément bien spéciale !

« — Qui est Jean-Charles? demande Romain. Pendant quelques instants, je songe à ne pas dire la vérité. Pas parce que j’éprouve de la honte, mais c’est simplement que je n’ai pas envie de raconter l’histoire de ma famille. Mais Zofia ne me laisse pas réfléchir longtemps.
— C’est le chum de son père.
— Houla, c’est du sérieux, dites donc! Son ton quelque peu condescendant m’irrite.
— Quoi? T’as quelque chose contre les gais, Romain?
— Mais non, pas du tout. Mais avoue, Valéry, que c’est surprenant.
— Pas tant que ça. Y a plein d’hommes qui ont vécu avec une femme avant d’affirmer leur vraie identité sexuelle.
— Quand on était jeunes, tes parents étaient ensemble, non? me questionne Christophe qui émerge enfin de sa léthargie virtuelle.
— Oui, oui. Mon père est parti quand j’avais dix-sept ans ».

« Je me souviens parfaitement de ce soir glacial de février où mon père a quitté la maison familiale après une virulente dispute avec ma mère. Aussitôt qu’il a fermé la porte, ma mère a lancé une bouteille de rhum contre le mur en criant: «Va-t’en, câlisse de tapette!» C’est ainsi que j’ai appris que mon papa aimait les hommes. Aussi brusquement que ça. Sans préavis… »

«  — Bonjour, maman. Marie-Lyne Poitras, alias ma mère, s’avance vers moi avec un air pincé. Marie-Lyne Poitras, c’est une femme baptisée Line, mais qui a changé son prénom pour le rendre plus sexy. C’est aussi une femme qui se teint les cheveux blond platine pour ressembler à son idole. À trente-six ans, c’est charmant. À cinquante-neuf, c’est ridicule.
— Je savais pas que t’étais dans le coin, Valéry.
— Euh… Je viens juste d’arriver. J’allais t’appeler.
— J’espère! ».

« Je crois que Line Poitras n’a jamais accepté que sa fille ne suive pas les standards de beauté habituels. Marie-Lyne encore moins. Ce qui la fâche le plus, c’est que, contrairement à elle, je ne me prive pas de tout pour rester mince. Parce que si ma mère mangeait ne serait-ce que normalement, elle pèserait bien plus que son poids de cinquante-six kilos qu’elle ne cesse de claironner avec fierté. Comble de tout, elle affirme qu’elle a le même âge que son poids… ce qui est faux puisqu’elle aura soixante ans l’hiver prochain. «Authentique» n’est décidément pas le qualificatif qui convient le plus quand on parle d’elle ».

7#-Clin d’œil à son autre héroïne : Personnellement, j’adore quand les auteurs font intervenir leurs anciens héros dans leurs nouvelles œuvres. Dès l’apparition de ce personnage un peu spécial dans l’histoire, je me suis doutée que c’était fait exprès ! D’ailleurs, l’auteure le signale à un moment !

« Madame Aubé? Je me retourne pour apercevoir une belle blonde aux yeux bleu-gris, qui porte un appareil photo autour du cou. 
— Bonjour, je suis Juliette Gagnon. Ah oui! La photographe montréalaise que j’ai engagée. Je l’avais oubliée, celle-là. Il faut dire qu’elle ne s’est pas aidée, avec sa demi-heure de retard ».

Attention zone spoilers ! Cliquez sur le mulot et passez le texte en surbrillance !
8#-L’histoire d’amour avec Romain : Vu comment s’est passée leur rencontre, en espèce de rendez-vous arrangé par Christophe, je ne donnais pas chère de cette relation…Au mieux, j’aurais espéré une amitié mais finalement, bon an, mal an, la relation entre Valéry et Romain a évolué petit à petit, leur laissant le temps d’approfondir leur amitié avant de passer à l’amour. Finalement, c’est exactement ce qu’il fallait à Valéry : Un homme qui l’apprivoise petit à petit, qui lui donne confiance en elle et qui lui fait aussi réaliser qu’il  n’y a pas que le physique qui compte ! (car n’oublions pas que Romain est rond lui aussi – même si, apparemment, il a les bras plus fermes que notre héroïne le pensait…). Le fait que Romain veuille se soigner de sa cleptomanie est vraiment un point positif car c’est vrai que lorsque l’on découvre son « vice » en même temps que Valery, on peut vraiment se demander à quoi cela va les mener ! En même temps, Romain a prouvé qu’il avait beaucoup de qualités et contrairement à Christopher qui ne peut que compter sur son physique car sinon, tout le reste est pourri, Romain, lui, est doté d’une belle grandeur d’âme et il mérite vraiment de trouver l’amour avec notre belle Valéry !!! En voilà une histoire qui finit bien ! Et quand c’est le challenger qui gagne à la place du mec hyper beau, prétendument considéré comme le mec idéal, et bah moi, j’adore ! J’adore être surprise et j’adore les histoires d’amour qui grandissent sur des sentiments et non sur du sexe !

« Romain est un chef assez extraordinaire. Il me donne encore plus envie de le connaître intimement. Ce qui me plaît moins, par contre, c’est qu’il refuse systématiquement qu’on contribue financièrement. Et quand on apporte un petit truc, ne serait-ce qu’une bouteille de vin, il insiste toujours pour qu’on reparte avec. Généreux, mais un peu macho comme comportement. Enfin, Romain est français… et les Français sont plus traditionnels que nous dans leurs relations avec les femmes, je ne dois pas l’oublier. Heureusement, il n’est pas comme plusieurs immigrants de l’Hexagone que j’ai connus: râleurs et arrogants »

« Il y a maintenant deux mois que j’ai commencé les plus grandes aventures de ma vie. Celle du vignoble et celle avec Romain, qui est tranquillement devenu mon amoureux. Comme je le souhaitais, ça s’est passé doucement et simplement. Sans précipitation et sans chichi. Voilà ce que j’aime par-dessus tout de notre amour; il n’est pas compliqué. D’aucune façon. Avec Romain, je ne ressens pas l’obligation d’aller constamment au-devant de ses désirs. Ni le besoin de lui plaire vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Avec lui, je peux être moi-même sans vouloir toujours compenser. Ce que j’ai trop fait avec mes ex: leur en donner plus pour qu’ils oublient que je ne corresponds pas aux standards de beauté de la société. Eh bien, c’est terminé! Maintenant, quand je donne, c’est parce que je le souhaite profondément. Et non pas pour me faire pardonner d’être ronde ».

Ce que je n’ai pas aimé dans ce livre : Attention zone spoilers ! Cliquez sur le mulot et passez le texte en surbrillance !
Deux questions restées sans réponse : Cela était sans doute inévitable, mais j’aurais aimé que l’auteure développe un peu plus le passage de la rupture amicale entre Valéry et Zofia pour que nous sachions si oui, ou non, les deux jeunes femmes allaient un jour se réconcillier….En effet, quand le livre se termine, nous avons clairement compris que Christophe était un salaud qui n’avaient pas beaucoup de considération pour les femmes mais si, justement, Valéry parle un jour à son amie et lui explique tout le mal que Christophe a fait aux femmes avec ses mensonges (Lou aussi a été bernée par lui et a horriblement souffert), sans parler des mensonges professionnels et sur l profession de sa mère…..C’est dommage que Valéry perde une amie comme cela, même si, entre les lignes, il m’a semblé comprendre que cette copine était un peu égocentrique et finalement, elle n’apportait peut-être pas grand-chose à notre héroïne puisque j’ai vraiment l’impression que parfois elle se servait d’elle pour se mettre en valeur….Du coup, oui, Valéry a peut-être bien fait de ne pas insister pour essayer de retrouver l’amitié de cette fille…..Quant à Christophe….Ah la la ! Quel sale con !!!!! A la fin du livre, c’est vraiment jouissif de voir que Valéry, Romain et Lou ont racheté ses parts et l’on éjecté de l’affaire mais du coup, que devient-il ? Et son père, André Francoeur, dont nous avons aussi fait connaissance, comment réagi-t-il à la disgrâce de son rejeton ? Bon, du coup, je pars du principe que Valéry est une fille vraiment gentille et qu’elle ne va pas s’acharner sur le malheur de celui qui l’a tant fait souffrir mais bon, personnellement, j’aurais aimé le voir en baver un peu plus car je suis sûre que ce sale filou va finir par retomber sur ses pattes vu la manière dont il embobine si facilement les femmes…Cela dit, dans le milieu du vin, à mon humble avis il est totalement grillé et c’est bien fait pour sa gueule !!!

Pour conclure, Ca peut pas être pire, de l’auteure québécoise Nathalie Roy, est un livre que je recommande à 100% si vous souhaitez passer un bon moment de lecture en compagnie d’une héroïne punchy, drôle mais aussi émouvante. Si certains passages m’ont déchiré le cœur et j’ai plains sincèrement Valéry face à la goujaterie de certains hommes, je me suis aussi tordue de rire avec la description de ses péripéties totalement ubuesques qui lui arrivent toujours au mauvais moment…. Avec une vie en pleine nature, dans un chalet plus ou moins rafistolé avec des toilettes sèches au fond du jardin, bien évidemment, il ne peut que se passer des choses embarrassantes pour notre pétillante Valéry qui retombe néanmoins toujours sur ses pattes. Ne vous laissez pas freiner par les expressions québécoises car une fois dans le mood, nous comprenons très bien la lecture (par exemple, si j’utilise l’expression « frencher » quand Valéry embrasse un homme, vous comprenez bien que c’est une allusion au french kiss, soit le baiser avec la langue !). Vous voyez, c’est facile à comprendre le québécois ! En tout cas, je le clame haut et fort : c’était ma première expérience de chick lit québécoise mais c’est sûr et certain que ce ne sera pas la dernière ! Je-suis-fan !!!


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