mardi 27 février 2018

L'HERITAGE DE LA DAGUE NOIRE - Tome 1 : Baiser de sang


JR Ward
Les Editions Milady (2016)
Sortie originale 2015
559 pages 

Synopsis 
Paradis, fille de sang du premier conseiller du roi, a choisi d’abandonner la vie d’une noble pour rejoindre le programme d’entraînement de la Confrérie de la dague. Mais rien ne se passe comme prévu : l’entraînement est un véritable enfer, la lutte entre recrues est rude, et Butch O’Neal, le Dhestructeur, a clairement d’autres soucis en tête que leur formation. Et pour couronner le tout, le beau Craeg qui fait chavirer son cœur est bien loin du prétendant idéal auquel s’attend son père. Alors que la violence se déchaîne autour d’elle, Paradis est cruellement mise à l’épreuve, et ne peut que se demander si elle sera assez forte pour faire face...

Je trouve que l’idée de JR Ward de créer un spin-off de sa saga culte La confrérie de la dague noire est très bonne. Cela nous permet de voir la Confrérie et ses guerriers d’un œil extérieur, à savoir à travers celui des jeunes recrues qui sont entraînées pour devenir les prochains membres de la Confrérie.

Dans ce premier tome de L’héritage de la dague noire, nous suivons Paradis, la fille d'Abalone, premier conseiller Kolher, qui avait fait sa première apparition dans le tome 14 de La Confrérie de la dague noire….Nous savions à ce moment-là qu’elle souhaitait s’inscrire au programme de recrutement (ouvert aux femelles également !) et qu’elle avait entraperçu Craeg, le beau vampire "distant" qui souhaitait lui aussi faire partie du programme….

Vous ne serez pas dépaysés en lisant ce tome, si vous adorez les vampires de la Confrérie. Par contre, il est quand même à noter que si certains des guerriers sont présents dans ce récit (en tant qu'instructeurs, notamment Butch et Rhage), nous n'abordons pas ici les problèmes majeurs que rencontrent habituellement  nos héros à savoir la lutte contre les éradiqueurs et les conflits avec la Bande de Salopards menés par Xcor....Ah oui, à ce propos, si j'ai déjà chroniqué sur mon blog le tome 15 consacré à Xcor et Layla, il faut aussi que je précise que l'action qui se déroule dans ce 1er tome de L'héritage de la dague noire se situe aux alentours du tome 14....Et si dans le tome 14, Rhage avait des problèmes "existentiels", ici, dans "Baiser de sang", c'est le couple Butch et Marissa qui revient au devant de la scène en histoire secondaire (derrière Paradis et Craeg, bien évidemment !).

Ce que j'ai aimé dans ce tome :
1#-Une nouvelle génération de vampire : Les épreuves du recrutement vont faire ressortir un petit groupe de guerriers, dont deux femelles (Paradis, bien entendu, et Novo). Et c'est vraiment rafraîchissant de voir de nouveaux personnages, assez jeunes, en tout cas, qui n'ont pas la maturité et le passé parfois complexe de nos guerriers de la Confrérie. Nouvelle ère oblige, les femelles sont acceptées dans le recrutement, mais aussi les civils "roturiers" (comme Craeg et Axe) et pas seulement ceux de l'aristocratie (comme Peyton, le meilleur ami de Paradis)....Cette ouverture d'esprit, ce modernisme est fort appréciable (et l'on en attendait pas moins de la part du roi Kolher et de ses "frères"). Dorénavant, tout le monde peut postuler pour devenir un membre actif de la confrérie, puisque ceux qui seront choisis le seront au mérite et non plus selon leur sexe ou leur niveau social. 



2#-Paradis : Notre héroïne est l'archétype de la jeune femme qui cherche à tout prix à s'émanciper. Elle avait déjà un pied dans la Confrérie dans la mesure où son père, Abalon, est le premier conseiller du roi Kolher. Elle fait donc partie de l'aristocratie vampire mais justement, ce statut aurait pu être un handicap puisque généralement les jeunes femelles aristocrates n'ont pas le droit de faire grand chose, n'ont pas le droit de risquer leur vie, très précieuse en tant que "poulinière" (on va dire ça comme ça...). D'ailleurs, Paradis va devoir aller outre les réticences de son père, qui est pourtant un homme bon, mais qui a déjà perdu sa femme, sa Shellane et ne veut pas que sa fille unique meurt à son tour....Paradis a un meilleur ami, Peyton, un cousin éloigné, et donc un aristocrate comme elle, sauf que lui, il a une idée plutôt rétrograde sur les femelles et n'accepte pas - tout du moins au début - que la jolie blonde s'inscrive au recrutement des futurs guerriers de la Confrérie....J'ai vraiment beaucoup aimé notre héroïne, qui va devoir se battre et prouver à tout le monde qu'elle mérite sa place au sein de la Confrérie ! Attention zone spoilers ! Cliquez sur le mulot et passez le texte en surbrillance ! Le fait qu'elle arrive première à la fin des épreuves a été vraiment une grande surprise mais c'est une bonne chose également ! Certes, si on analyse bien tout ce qui s'est passé durant les épreuves, c'est Craeg qui aurait mérité d'être numéro 1, cela dit, avec son charisme naturel, le jeune mâle va finir par s'imposer comme le leader du groupe et le fait qu'il "convoite" Paradis cela fait de nos deux jeunes recrues un couple fort, un couple parfait....

"Dans un mouvement coordonné, comme s’ils ne fonctionnaient qu’avec un seul cerveau, les membres de la Confrérie s’arrêtèrent devant elle et levèrent les mains. S’attendant à avoir mal, elle… Ils se mirent à applaudir. L’un après l’autre, ils frappèrent leurs larges paumes l’une contre l’autre tout en la dévisageant. Puis ils ôtèrent leurs cagoules pour se révéler à elle. 
— Quoi ? marmonna-t-elle. Je ne comprends pas. Ou, du moins, c’était ce qu’elle avait voulu dire. Il ne lui restait plus de voix pour véhiculer les mots que son esprit voulait exprimer. Butch, celui avec l’accent de Boston, s’avança. 
— Félicitations, dit-il avec force. Tu es le Primus. Paradis n’avait pas la moindre idée de ce que cela signifiait. Et il n’y avait aucun moyen de lui demander de répéter. Comme un ordinateur qu’on débrancherait, en l’espace d’une seconde, tout devint noir en elle".

3#-La romance entre Paradis et Craeg : Avant tout chose, il faut savoir que Craeg est un roturier et que Paradis est une aristocrate. Craeg déteste les membres de la Glymera car certains de ces aristocrates sont responsables de la mort de son père. Craeg ne sait pas au début de leur rencontre que Paradis fait partie de la haute, et même de la très haute aristocratie vu que son père, Abalone est le Premier conseiller du roi Kolher....J'ai trouvé l'histoire d'amour entre nos deux héros vraiment romantique surtout qu'en dépit de leur attirance immédiate et réciproque, Craeg va tout faire pour repousser la jeune femelle car il ne se sent pas digne d'elle (même en ignorant qu'elle est de l'aristocratie) et puis Craeg a certains principes, comme notamment que rien ne se mette en travers de sa route, de son but d'appartenir à la Confrérie....Et du coup, flirter avec l'une de ses coéquipières n'est pas forcément une bonne idée à ses yeux (même s'il désire énormément Paradis). 

"— Je déteste voir ces marques. Elle en avait probablement ailleurs. Des contusions, des ecchymoses, des éraflures, des endroits à vif. Il avait envie de tous les toucher. Ainsi que d’autres parties d’elle, aussi. C’était mal, se dit-il. Seigneur ! c’était très mal… Sa libido était demeurée longtemps en sommeil et la dernière chose dont il avait besoin en ce moment était qu’elle se réveille, surtout dans ces circonstances. Surtout pour une femelle comme elle. Il n’était pas nécessaire d’être une aristocrate pour être une fière demoiselle. Même les roturières qui travaillaient pouvaient avoir des exigences et se réserver pour une union convenable. Qui ne serait pas avec le fils orphelin d’un poseur de parquet. Oh ! et elle était très, très nettement vierge. La façon dont elle se tenait le lui disait. La façon dont Peyton, qui était clairement un séducteur, respectait son espace personnel le lui disait. Mais, surtout, il le savait à cause de cette inspiration et de ce « non » murmuré. C’était vraiment très mal".

"— Ce n’est pas une bonne idée. Pas du tout. Vraiment, absolument pas. 
— J’ai l’impression d’être ivre. Craeg ferma les yeux et grimaça. 
— Il faut que je m’arrête. Mais il ne le fit pas. Il se contenta de remonter le doigt sur sa cheville, puis plus haut sur son tibia. 
— Je ne porte pas de vêtements, dit-elle tout à trac. À ces mots, il pencha la tête et se frotta le visage de sa main libre. 
— S’il te plaît, ne me dis pas des choses pareilles. 
— Je suis désolée. Je ne sais plus ce que je dis. 
— Je m’en rends compte. Lorsque le corps du mâle parut se mettre à trembler, elle murmura : 
— Est-ce à cause de cela que tu ne m’apprécies pas ? De cette attirance entre nous ?
— Oui. 
— Alors, tu la sens, toi aussi. 
— Il faudrait être mort pour ne pas la percevoir, marmonna-t-il. 
— C’est de cela dont les gens parlent, n’est-ce pas ? Cette envie. Il grogna et vacilla légèrement alors même qu’il se trouvait déjà par terre. 
— Ne… 
— Ne quoi ? Craeg se contenta de secouer la tête et s’écarta d’elle. Il se redressa en position accroupie et posa ses avant-bras sur ses cuisses comme s’il tentait de reprendre ses esprits. Au bout d’un moment, il ondula maladroitement du bassin à plusieurs reprises, comme s’il s’était coincé un muscle ou avait une crampe. 
— Je ne le ferai pas avec toi, affirma-t-il à voix basse. Le programme d’entraînement est tout ce que j’ai. C’est mon seul avenir ; y rester et bien m’en tirer n’est pas une question de fierté pour moi. Je ne cherche pas non plus à prouver quoi que ce soit à mes parents, et je ne suis pas non plus accro à l’idée d’aller me battre. Il n’y a littéralement rien qui m’attend dehors. Alors je ne laisserai rien ni personne se mettre en travers de mon chemin. 
— Tu ne peux pas faire les deux ? demanda-t-elle, même si elle ne savait pas vraiment ce qu’elle suggérait. Oh ! ça suffisait les conneries. Elle savait exactement ce qu’elle suggérait : après avoir senti ses mains sur sa cheville, elle voulait connaître leur effet sur tout le reste de son corps. 
— Non, répéta-t-il. Je ne peux pas faire les deux. Avec un juron, il se remit péniblement sur ses pieds, et se dirigea vers le siège qu’il occupait avant, les mains plaquées sur le devant de ses hanches, comme s’il voulait couvrir quelque chose. Mais il ne se réinstalla pas dans le fauteuil. Il demeura debout, à contempler les coussins, le corps tendu. 
— Tu n’as pas besoin de me protéger, dit-elle. Au bout d’un moment, il la regarda par-dessus son épaule, avec une expression d’abattement sur le visage. 
— Tu parles. C’est moi que je protège".

"— La famille qui vivait là – les aristocrates qui vivaient là – est allée se planquer dans un abri blindé et n’a laissé aucun des employés y entrer. Ils les ont laissés dehors si bien qu’ils se sont fait massacrer. J’ai vu la porte ouverte, et les traces de leurs pas dans le sang de mon père et de ceux de sa classe lorsqu’ils sont sortis et se sont échappés juste avant l’aube ou le soir suivant. Il y eut un nouveau silence. Puis, à voix basse, il dit : 
— J’ai enterré tout le monde sur place, hormis mon père. Lui, je l’ai ramené à la maison. Je ne pouvais pas… laisser les autres ainsi. Un doggen rescapé est revenu pendant que je m’occupais des corps et m’a dit qu’ils avaient essayé de prévenir les familles des disparus, mais que tout le monde avait été tué chez les artisans, exactement comme chez moi. Il n’y avait… littéralement aucun survivant pour prendre soin des morts. Oh ! et cette famille chic ? Elle a fui. J’ai tenté de les retrouver et je n’aurai pas de repos tant que je n’y serai pas parvenu. Ils vivaient sur un domaine du nom d’Endelview. (Il se racla la gorge.) Enfin, comment peut-on faire une chose pareille à son prochain ? Comment peut-on accepter de vivre avec soi-même en sachant qu’on aurait pu aider quelqu’un mais qu’on ne l’a pas fait ? Le personnel, les domestiques, ils servaient cette famille depuis des générations. Et il y avait beaucoup de cadavres de roturiers dans ce salon. Ils étaient venus là, d’après ce que m’a appris le doggen, parce que les artisans qui travaillaient sur le chantier connaissaient l’existence de l’abri et ont orienté les gens vers cette pièce. Ils ont cogné à la porte pour qu’on les laisse entrer pendant qu’on saccageait la maison… Je le sais parce qu’il y avait une masse de corps regroupés juste devant la cachette. Mais non. Ils n’avaient pas assez d’importance ou de valeur. Oh… Seigneur ! Voilà la seule chose qui lui venait à l’esprit, parce qu’elle connaissait cette histoire, elle aussi. Peyton lui avait rapporté cette terrible rumeur au cours d’une de leurs longues conversations téléphoniques diurnes, environ un mois après qu’elle et son père avaient gagné leur refuge. Le fils aîné, une fille puînée, la mère et deux cousins avaient affirmé avoir découvert le carnage à leur retour de la campagne… mais ils s’étaient peut-être trouvés là durant tout ce temps ?"

"— Il n’y a rien entre nous, affirma-t-il. 
— Arrête de me mener en bateau, OK ? Tu t’es lié à elle. 
— Certainement pas, non. Peyton leva les yeux au ciel. Puis fronça les sourcils. — Attends, tu es sérieux. 
— De quoi tu parles, putain ! ? 
— Tu ne t’en rends sincèrement pas compte ? Tu n’as pas conscience que ton odeur d’union s’est répandue, ni du fait que tu nous as montré les crocs à tous quand nous nous sommes approchés pour l’aider ? Tu n’as réellement aucune idée de la situation ? Craeg cligna des yeux comme une vache pendant un instant. Puis il regarda à gauche du mâle et évalua la distance séparant son propre front du mur de béton. S’il se frappait la tête assez fort, il pourrait éventuellement se causer suffisamment de dommages cérébraux pour que sa mémoire à court terme le lâche et qu’il oublie jusqu’à sa rencontre avec la femelle. Peyton se mit à rire. 
— Tu sais, j’aimerais te haïr, sincèrement. C’est l’une des meilleures femelles de ma connaissance. Mais, en réalité, j’ai de la peine pour toi. 
— Pourquoi ça ? répliqua Craeg. 
— Parce que tu es complètement accroché mais que tu combats toujours tes sentiments. Ce sera drôle à regarder. 
— Ravi de pouvoir t’amuser. Peyton eut l’audace de lui donner une claque sur l’épaule. 
— Tu ferais mieux de prendre convenablement soin d’elle… sans quoi je te traquerai et te tuerai. Lentement. Craeg recula d’un pas. 
— Je ne vois pas de quoi tu parles. 
— Bien sûr, bien sûr. Peyton riait toujours lorsqu’il se retourna pour ouvrir la porte. Craeg le saisit par le bras. 
— Comment l’as-tu connue ? Il y eut un silence. 
— Elle travaille à la maison d’audience. 
— C’est comme cela que je l’ai rencontrée, moi aussi. 
— Juste pour être clair : parfois, je crois que je suis amoureux d’elle, moi aussi. (Le mâle leva de nouveau les yeux au ciel.) Bon Dieu ! tu vas arrêter ça ? 
— Ça quoi ? 
— Tu me grognes après. Hum. Quelle surprise ! Ses crocs étaient descendus et sa lèvre supérieure était retroussée. 
— Désolé. 
— Et après cela tu vas encore prétendre que tu n’es pas lié. Pas du tout. (Peyton croisa les bras sur sa poitrine.) Bref, avant que tu ne me mordes le cul, je ne l’ai même jamais embrassée. Elle n’éprouve pas ce type d’affection pour moi. C’est aussi bien – je suis un vrai connard – et elle a raison, j’ai quelques mauvaises habitudes. En tout cas, souviens-toi de ce que j’ai dit. 
— Et moi qui espérais qu’on pourrait tous les deux oublier cette conversation. 
— Cela n’arrivera jamais, mon pote".

"Elle avait menti. Et pas qu’un peu. C’était… c’était un énorme problème. Il venait de prendre la virginité d’une femelle qui semblait être la fille d’une des Familles fondatrices. En vertu du droit ancien, en tant que roturier ? On pouvait le mettre à mort pour cela. À mesure que la colère enflait en lui, celle-ci était moins tournée contre Paradis et ce qu’elle lui avait caché, que contre lui-même et le fait qu’il avait systématiquement dépassé ses propres limites. Toutes ces injonctions d’arrêter qu’il s’était répétées intérieurement ? Toutes ces bonnes résolutions ? Tout cela pour finir par la baiser dans les toilettes d’un putain de club humain, bordel ? Il avait envoyé paître chacun de ces avertissements. Et par-dessus le marché il avait cessé de se concentrer sur l’entraînement, s’était détourné de son but, avait gaspillé des journées où il aurait dû dormir, des cours qu’il aurait dû vouer à la seule réflexion, des entraînements où il aurait dû consacrer toute son énergie à fortifier son corps. Et tout cela pour une femelle qui se souciait si peu de lui, qui était si égoïste et suffisante qu’elle n’avait pas voulu lui faire part d’informations plus que pertinentes et judicieuses à son sujet. Des informations qui, elle le savait forcément, auraient totalement changé la donne pour lui. C’était une parfaite manipulation qui l’avait totalement détourné de ce qu’il désirait réellement. Entre les mensonges de la femelle et sa propre libido, il n’avait pas eu la moindre chance. Quel idiot, il faisait. Il n’était qu’un sacré idiot. Et les idiots récoltaient ce qu’ils méritaient. Pas vrai ?"

"— Je suis amoureuse de toi, abruti. (Au moins, cela le fit taire.) Voilà. Je l’ai dit, et, là d’où je viens, on n’a pas le droit de le dire la première parce qu’on est censée attendre que le mâle le fasse. Oh ! et tu veux savoir ce qui m’est aussi interdit ? Je ne peux pas me trouver en présence d’un mâle sans chaperon. Je n’ai pas le droit de travailler ni d’avoir une carrière professionnelle. J’ai décroché ce boulot de réceptionniste uniquement parce que mon père avait désespérément besoin d’aide et que j’étais la seule à qui il puisse se fier. J’ai dû batailler pour m’inscrire au programme d’entraînement, et j’ai seulement obtenu la permission de mon père parce que je lui ai menti en affirmant que je ne participerais jamais à la guerre. On attend de moi que je brode, dirige une maison et tombe enceinte… et tu me fais une scène en prétendant que c’est moi le problème ? 
— Tu veux me faire chialer, c’est ça ? cracha-t-il. Tu n’as jamais dû t’inquiéter de ton prochain repas, tu vis dans un putain de musée rempli de belles choses… et, excuse-moi, mais tu ignores ce que ça fait d’être méprisé parce qu’on a perdu à la loterie de l’ADN ! 
— C’est toi qui me méprises ! hurla-t-elle. Est-ce que tu te fous de ma gueule ? Tu es juge et partie, tu t’es fait ton opinion et je peux aller me faire voir ! Tu n’es pas différent de ceux de la glymera. Regarde-toi dans le miroir, Craeg. Tu te comportes avec autant de prétention et de préjugés qu’eux. Lorsqu’elle se tut, elle avait le souffle court, sa main libre serrée en poing et le cœur qui battait la chamade. 
— Toute cette discussion est stérile, marmonna-t-il au bout d’un moment. 
— Tu as parfaitement raison. Alors va te faire foutre. Je te souhaite une belle vie, et j’espère que ton arrogance te tiendra chaud durant la journée. Paradis mit fin à l’appel et se retourna, le bras levé au-dessus de la tête, prête à balancer le téléphone contre le mur. Mais elle s’arrêta. Se calma. Reprit ses esprits. Waouh ! Perdre sa virginité et avoir sa première violente dispute de couple. Oh ! et sa première rupture, aussi. Sacrées vingt-quatre heures. Tout allait à merveille. Formidable".

"On avait emmené Paradis à l’étage, et Doc Jane… Un mâle apparut sur le seuil de la bibliothèque. Il était grand, mince et vêtu d’un costume impeccable dont même Craeg pouvait dire qu’il avait été fabriqué sur mesure par un maître tailleur. Avec sa chemise d’un blanc immaculé, sa cravate rouge sang et son élégante pochette, il était l’incarnation même de l’aristocrate. Et, oui, il avait une chevalière au doigt. Et, oui, c’était les yeux de Paradis qui le dévisageaient à l’autre bout de la pièce silencieuse. Craeg se leva en ôtant sa casquette. Il éprouva l’absurde impulsion de tirer sur son tee-shirt, d’épousseter son jean ou autre chose. Merde ! Le mâle s’avança vers lui avec une expression farouche sur le visage. Se préparant au pire, Craeg se racla la gorge. 
— Monsieur, je… L’étreinte qui se referma sur lui était si puissante qu’il sentit ses os craquer, et le type ne reculait pas, ne le lâchait pas. Pendant que Craeg restait planté là comme une statue. Par-dessus l’épaule du père de Paradis, Butch passa la tête dans la pièce. Écarquillant les yeux, le frère lui fit signe de suivre le mouvement. Dans le dos du mâle, Craeg leva les mains en l’air en regardant son professeur d’un air interloqué. Butch se mit à mimer une accolade frénétique. Avec une grimace, le mâle enlaça précautionneusement le gentilhomme, avant de lui tapoter les épaules. 
— Je vous dois la vie, déclara le père d’une voix rauque. Ce soir, vous m’avez donné une seconde fois la vie en sauvant celle de ma fille. Finalement, le père de Paradis s’écarta et tira son mouchoir pour essuyer ses yeux humides de larmes. 
— Dites-moi, comment puis-je vous remercier ? Que puis-je faire pour vous ? De quelle façon puis-je vous servir, vous et les vôtres ? Craeg cligna des yeux comme un abruti. Son cerveau était littéralement mort. Puis il débita : 
— Je m’appelle Craeg. Comme si l’autre le lui avait demandé. 
 Craeg, je suis Abalone. Le mâle s’inclina". 

"Tout à coup, Peyton se tourna vers le père de Paradis, et tous deux s’étreignirent. 
— Bon, alors, et ce type ? reprit le plus jeune tandis qu’ils s’écartaient l’un de l’autre. C’est un peu un héros, hein ? Bon, d’accord, c’était tout à fait gênant d’être contemplé avec un air de vénération par le père de Paradis. Oui, génial, mais est-ce qu’il pouvait partir, à présent ? Peut-être que oui… Il voulait aller voir la femelle, mais… 
— Il est amoureux de Parry, aussi, au fait, annonça Peyton. Et elle de lui. Et voilà comme toute l’histoire entre elle et lui fut complètement, totalement déballée".


4#-Marissa : Oui, c'est ici le retour de la blonde un peu effacée du tome 4 de la saga initiale, La Confrérie de la dague noire, à savoir la shellane de Butch. Le tome qui leur avait été consacré ne fait pas partie de mes préférés et pourtant, je dois dire que j'ai bien aimé lire la suite de leurs aventures ici, notamment leurs "problèmes" de couple et leurs problèmes respectifs à tous les deux. Je ne me souvenais plus que Marissa était la soeur de Havers, le médecin qui dirige l'hôpital des vampires "civils" et que celui-ci l'avait rejetée quand il avait appris que la jolie vampire fréquentait un humain (à savoir Butch, avant qu'il ne devienne le Dhestructeur et s'avère partager le même géniteur que Kolher, rien que ça !)....Marissa est depuis devenue la responsable d'un centre qui accueille les femelles vampires et leurs enfants quand elles sont victimes de violences conjugales etc. Une jeune femelle va d'ailleurs être retrouvée à moitié morte devant la porte du centre et toute l'intrigue secondaire de ce livre, c'est justement de savoir qui elle est et qui lui a fait subir tout cela....Impossible de lui demander directement vu que la femelle va malheureusement succomber à ses blessures. Attention zone spoilers ! Cliquez sur le mulot et passez le texte en surbrillance ! J'ai adoré le fait que les deux histoires de ce tome s'entrecroisent, à savoir que Paradis découvre malgré elle des indices et va être confrontée directement au tueur en série de femelles (et la jeune vampire qui a été agressée et est morte de ses blessures est en fait une cousine à Peyton)...Quant à Marissa, pour revenir à elle, j'ai beaucoup aimé sa manière de s'impliquer dans cette histoire mais aussi le fait qu'elle découvre les traumatismes de Butch qui a été un flic humain, dans son "ancienne vie" et qui vit toujours avec le souvenir des cadavres découverts sur les lieux du crime, et tout particulièrement celui de sa soeur aînée qui a aussi subit les assauts d'un pervers....Et enfin toujours pour revenir à Marissa, j'ai aussi apprécié qu'elle "crève l'abcès" avec ce qui s'est passé avec son frère et qu'elle retrouve sa place au sein de la Glymera, et ce, d'une manière honorable et la tête haute !....Après tout, il ne faut pas oublier que Marissa, jadis, avait été destinée à être l'épouse du roi Kolher et qu'elle le nourrissait de son sang quand celui-ci l'ignorait totalement...Et tout cela sous les regards de pitié et les ragots lancés par les membres de la Glymera derrière son dos....Cela a dû quand même être dur à vivre pour la jolie blonde....Heureusement qu'un jour, Butch est entré dans sa vie....

"Havers la salua du chef et repartit vers la porte d’entrée. Quand il tourna à l’angle, Marissa secoua la tête. L’idée qu’il donne son propre sang pour aider une femelle inconnue, qui n’était sans doute qu’une simple civile, était à la fois stupéfiante et une source de frustration. Que le mâle puisse se montrer si attentionné envers ses patients et si cruel envers sa propre sœur apparaissait comme une insupportable contradiction. Mais c’était la glymera dans toute sa splendeur : les principes contradictoires y abondaient. Et ils s’appliquaient toujours au détriment des filles, des sœurs et des mères".

"— J’ai été un inspecteur de la criminelle au sein de la police humaine – ne me demande pas ni comment ni pourquoi –, donc j’ai très souvent été confronté à la mort. Pour répondre à ta question, ça dépend du temps qui s’est écoulé depuis le décès et des circonstances du drame. Quand c’est une mort récente et potentiellement violente ça peut être affreux à voir. Le corps n’apprécie vraiment pas d’être entaillé, poignardé ou découpé en morceaux, et il exprime sa colère en répandant ses fluides partout. Seigneur ! on est constitués de, quoi ? soixante-dix pour cent d’eau ? Et on comprend que c’est vrai quand on arrive devant une scène de crime récente. On découvre alors des flaques, des gouttes, des mouchetures de sang et d’autres fluides. Et puis il y a les vêtements, les tapis, les draps, les murs, le sol qui en sont aussi souillés, ou, si c’est dehors, le trottoir, en béton ou en asphalte. Et puis il y a l’odeur. Du sang, de la sueur, de l’urine et d’autres trucs. Ce bouquet délicat s’infiltre dans tes sinus et s’incruste là pendant des heures. (Il branla du chef.) Dans les cas de décès plus anciens, l’odeur est bien pire encore que l’état du cadavre. Les noyés, tout gonflés, sont vraiment affreux, mais si le gaz accumulé dans leur corps s’échappe la puanteur t’envoie au tapis. Et, je ne sais pas, je n’étais pas non plus trop fan des morts par incendie. Je veux dire, on pourrait croire qu’on sait tous que nous ne sommes pas différents des autres mammifères. De la viande cuite reste de la viande cuite, point. Mais je n’ai jamais vu un homme adulte gerber son café devant une entrecôte à point. (Butch se tourna vers le mâle.) Tu veux savoir ce que j’ai toujours le plus détesté ? 
— Oui. Il fit un geste circulaire au-dessus de sa tête. 
— Les cheveux. Les cheveux… Mon Dieu ! ces putain de cheveux, surtout quand la victime était une femme. Poisseux de sang, de terre, de petits cailloux… emmêlés et enchevêtrés… contrastant avec la peau grise. Quand je n’arrive pas à dormir la nuit, c’est ce que je vois. Je vois leurs cheveux. (Il se mit machinalement à se frotter les paumes.) On porte toujours des gants, tu sais… pour ne déposer d’empreinte nulle part, ne rien laisser de soi. Au début, ils étaient en latex, et plus tard en nitrile. Et parfois, quand je manipulais un corps, les cheveux restaient sur les gants, et c’était comme s’ils essayaient de se glisser à l’intérieur de moi. Comme… si la mort violente s’attrapait à la façon d’une maladie. (Il secoua la tête.) Ces gants étaient bien trop fins. Et ils remplissaient mal leur fonction. Axe fronça les sourcils. 
— Pourquoi deviez-vous les porter, alors ? 
— Non, non, ils fonctionnaient pour les empreintes, vois-tu. Mais j’ai laissé quelque chose de moi sur tous ces cadavres. Chacun d’entre eux a emporté une part de moi dans sa tombe".

5#-La grosse bourde de Viszs : Ouh la la ! Viszs aurait mieux fait de se taire ! Attention zone spoilers ! Cliquez sur le mulot et passez le texte en surbrillance ! En effet, je me doute qu'il voulait bien faire en plaidant la cause de son meilleur pote, Butch, mais dire à Marissa que celui-ci l'aime plus que tout et que lorsqu'il a couché avec Xhex, c'était que pour le cul, aie aie aie ! Bref, j'ai adoré ce passage notamment quand Viszs l'explique tout penaud à Butch ! 



 Écoute, il ne désire personne d’autre que toi. (Le frère leva la paume pour prévenir ses protestations.) Oui, je sais que tu le sais, mais il faut que je le répète. Et pour le meilleur et pour le pire, ta grâce, ton élégance et, oui, ton côté « fille bien » font partie de ce qui l’attire chez toi. Enfin, par exemple, il a tiré un coup avec Xhex, mais c’était seulement du cul… et ça n’aurait jamais rien été d’autre. Tu es son genre, pas elle. Marissa se redressa d’un bon comme si on venait de lui verser un seau d’eau glacée sur la tête. 
— Il a couché avec Xhex ?"

"— Quoi ? demanda Butch. Est-ce que Doc Jane va bien ? Est-ce que c’est la Fosse ? Seigneur ! qu’est-ce qui s’est passé ? V. déambula un peu avant de se jeter dans l’affreux fauteuil vert bien-aimé de Tohr de l’autre côté du bureau. Posant la tête sur son poing ganté, il murmura : 
— L’un de mes vieux fantasmes vient juste de se réaliser. Comme il sentait sa panique refluer en lui, Butch leva les yeux au ciel. 
— Et de quoi s’agit-il ? 
— Je viens de te baiser. Le flic battit quelques secondes des paupières, avant d’éclater de rire. 
— Oui, oui, super blague. OK, qu’est-ce que Lass a encore fait ? 
— Non, je suis sérieux. Je viens vraiment de te baiser. Salement même. Je suis vraiment désolé, putain ! Prenant appui sur ses avant-bras, Butch poussa un juron. 
— Ne le prends pas mal, mais tu es incapable de faire un truc aussi vache. 
— J’ai dit à Marissa que tu t’étais tapé Xhex. Butch sentit sa mâchoire s’abaisser et se retrouva bouche bée. 
— Comment… Pourquoi… Que… V. leva les mains. 
— Je croyais qu’elle était au courant, sincèrement ! J’ignorais que tu ne lui en avais pas parlé ! Putain, pourquoi vous n’avez pas joué à « avec qui as-tu couché avant moi » ? Putain ! Si Butch ne s’était pas directement remis à paniquer, il n’aurait pas pu s’empêcher de rire du mâle, lui aussi, comme Marissa tout à l’heure. V. était l’incarnation même de l’imperturbabilité, le genre de connard toujours calme capable de s’asseoir sur un bidon d’essence au milieu d’une maison en flammes juste pour se délasser. Il fallait croire qu’ils avaient finalement trouvé le stimulus qui réveillait ses glandes à adrénaline. Bon à savoir. Mais mauvaise nouvelle pour Butch. Se prenant la tête à deux mains, il se frotta le visage. 
— Qu’est-ce qu’elle a dit ? 
— Pas grand-chose. Elle est allée dans votre chambre, s’est habillée et est partie au boulot, calme comme pas possible. Ce qui m’a vraiment fait pisser dans mon froc, tu vois".

6#-La passion de JR Ward pour Channing Tatum : Cet acteur avait déjà été cité dans les derniers tomes de la Confrérie de la dague noire, donc, je me doutais bien que l'auteure américaine était fan de lui, et c'est confirmé ici puisque, énorme clin d'oeil, toutes les femelles de la maison vont se faire une soirée DVD avec l'acteur sexy en tête d'affiche....



" Magic Mike XXL vient de sortir en DVD, renchérit Beth. Nous avons une obligation morale de soutenir les arts, même s’ils sont humains. 
— Je n’ai pas vu le premier, murmura Automne. On m’a dit qu’il avait le bassin désarticulé. C’est vrai ? Beth s’avança et prit le sac de Marissa. 
— Viens, tu as l’air d’avoir besoin d’une soirée entre filles. Souffhrance et Xhex vont nous rejoindre. De même que Cormia, Layla, Doc Jane et Ehlena. On se réunit toutes ; il était temps. Pendant une fraction de seconde, Marissa se sentit coupable de se laisser aller à cette amitié qu’on lui offrait. Cela lui semblait trop frivole en regard de son incapacité à rendre justice à cette femelle inconnue. Bella se pencha. *
— On a prévenu les mâles qu’ils ne pouvaient pas venir. Surtout parce que s’ils voient ce fameux Channing Tatum sur grand écran…"

Pour conclure, j'ai passé un très agréable moment de lecture en compagnie de Paradis, Craeg mais aussi tous les autres jeunes vampires destinés à être la nouvelle génération de guerriers de la Confrérie de la dague noire. Marissa et Butch nous reviennent au devant de la scène également, et cela nous permet de voir ce qui a évolué dans leur couple et les problèmes qui restent encore à régler par rapport à leurs anciens traumatismes respectifs....Quoi qu'il en soit, ce premier tome de L'héritage de la dague noire donne bien évidemment envie de lire la suite ! Le prochain tome sera consacré à Axe, le gothique taciturne et adepte des clubs privés BDSM....J'attends de voir ce que cela va donner mais je suis sûre d'une chose : Avec JR Ward, je ne suis jamais déçue ! 


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