jeudi 12 avril 2018

MEG CORBYN - Tome 5 : Cartes ivoire


Anne Bishop
Les Editions Milady (2018)
Sortie originale 2017
473 pages

Synopsis : 
L'insurrection humaine a été brutalement réprimé par les Aînés, ces terra indigene plus sauvages et dangereux encore que leurs congénères des Enclos. Les humains qui ont survécu savent à présent qu'il faut craindre ce qui rôde dans les territoires interdits au-delà de leurs frontières. Heureusement, l'Enclos de Lakeside n'a subi que peu de dégâts grâce aux efforts de Simon, Meg et de la meute humaine. Mais l'arrivée du frère du lieutenant Montgomery, un vaurien prêt à tout pour s'enrichir aux dépens des autres, menace tout ce qu'ils ont accompli. Car si les Aînés, curieux face à ce nouveau type de prédateur, sont prêts à attendre qu'il commette de lui-même une erreur fatale, Meg a vu dans ses cartes l'ombre de la mort qui plane...

« Que conserveraient les terra indigene des humains ? Les Aînés avaient posé cette question sans préciser s’ils faisaient référence à la population humaine, aux inventions de celle-ci ou aux aspects intangibles que l’on absorbait avec l’apparence physique si l’on vivait trop longtemps sous une forme donnée. Simon éteignit le robinet et se sécha à l’aide d’une serviette avant d’enfiler un jean coupé au niveau des cuisses. Au début, il avait cru que les Aînés attendaient une réponse de sa part. Mais après la récente guerre qui avait dévasté l’Alliance des Nations Cel-Romano, de l’autre côté de l’Atlantik, et la décision des Aînés d’isoler et de réduire les troupeaux humains de Thaisia, il avait compris qu’ils statueraient eux-mêmes en fonction de ce qui se passerait dans l’Enclos de Lakeside et autour de celui-ci ».

Je le clame haut et fort, Meg Corbyn est vraiment l’une des meilleures sagas dans la catégorie Urban fantasy que j’ai pu lire !

Après, le soucis avec ce genre d’histoire prenante et addictive c’est que lorsqu’on arrive à l’ultime page du dernier tome et bien il y a cette sensation de manque et de trop peu qui arrive et personnellement, je suis très frustrée par cette fin et je pense que l’auteure américaine Anne Bishop pourrait très bien continuer à nous écrire des tomes supplémentaires concernant les aventures de Meg, Simon et tous les autres habitants de l’Enclos car cette fin n’en est pas vraiment une (on pourrait même dire que ce n’est qu’un début, finalement…).

Certes, je sais que l’auteure a déjà sorti le 1er tome d’une histoire spin-off du monde qu’elle a créé, avec encore une fois une humaine pour héroïne, mais ce ne sera plus Meg Corbyn et ce ne sera pas non plus l’un des personnages secondaires qu’elle a pu côtoyer au cours de ses aventures dans l’Enclos de Lakeside…..Cela dit, il va sans dire que dès que ce nouveau livre sera sorti en VF, je me jetterai dessus car très franchement, Anne Bishop a vraiment créé un univers incroyable et fascinant et personnellement, je suis déjà en manque !

Ce que j’ai aimé dans ce livre :
1#-L’intrigue autour de « Jimmy » : Nous avions déjà fait connaissance de la fille, la mère et la sœur du Lieutenant Montgomery dans les tomes précédents puisque celui-ci avait demandé à Simon l’autorisation d’héberger toute sa famille, qui était en difficulté depuis les évènements qui ont conduit les Ainés à éradiquer des villes entières d’humains comme Toland, notamment, où vivait la famille du policier. Hors, dans ce 5ème tome, nous voyons apparaître son frère, Jimmy (un vaurien de première catégorie) ainsi que sa femme et ses deux enfants qui vont mettre le boxon à l’intérieur de l’Enclos. Simon n’a pas le droit de les chasser car les Aînés sont intrigués par la venue de ce nouvel humain et ont donc exigé qu’il reste afin de voir comment vont intéragir les autres humains ainsi que les « petits » métamorphes de l’Enclos. Attention zone spoilers ! Cliquez sur le mulot et passez le texte en surbrillance ! Alors, je dois dire que j’ai vraiment adoré la manière dont l’auteure a introduit ce personnage, qui est vraiment malfaisant et qui reste néanmoins sûr de ses droits et se persuade d’être mieux que les autres notamment sa sœur, enfin, sa sœur adoptive, Sierra, sur laquelle il a une emprise malsaine vraiment impressionnante….Même son frère, le policier CJ Montgomery et sa mère, Twyla, ont du mal à se faire entendre et semblent « subir » son comportement. C’était vraiment fascinant à lire car on sentait la tension monter crescendo à mesure des provocations de ce bon à rien qui va aller jusqu’à  commettre le pire, c'est-à-dire kidnapper Meg….La chose à ne pas faire, évidemment ! Ce 5ème tome nous montre beaucoup sur la psychologie humaine et la manière dont certains manipulent et d’autres sont manipulés. Ce qui m’a vraiment sidérée, c’est de voir que ce fameux « Jimmy » n’a jamais eu peur des Autres, bien au contraire, il n’hésitait pas à leur montrer son mépris et sa soit-disant supériorité d’humain….Ce type est dingue !!!!!!! La seule chose que je déplore c’est qu’il a été tué trop « vite » et finalement, nous n’avons eu que peu de détails, à part le fait qu’il s’est fait arracher la mâchoire encore vivant par les Aînés….Vu toute la souffrance qu’il a causé autour de lui, notamment sur sa famille, et en premier lieu sur ses propres enfants, j’aurai vraiment voulu le voir lui aussi souffrir et non avoir un « regard ébahi» face à des créatures « d’un autre monde » qui ont dû ne pas mettre plus de quelques secondes pour l’étriper…..

« — CJ s’est montré injuste, se plaignit Sierra. Il aurait pu payer le billet de train à Jimmy s’il l’avait voulu, mais Jimmy a dû se débrouiller par ses propres moyens pour fuir Toland. Sierra n’avait mentionné ni la femme de Cyrus ni ses enfants, détail qui n’échappa pas à Twyla.
— Il est en route pour Lakeside ? (Après un bref moment d’indécision, Sierra hocha la tête.) Où va-t-il loger, surtout si sa famille l’accompagne ? Twyla ne l’avouerait jamais à Sierra ni à Crispin, mais c’était l’une des raisons pour lesquelles elle avait demandé le studio. Repousser Cyrus et sa femme, Sandee, restait envisageable, mais, avec une chambre libre, il lui aurait été difficile de fermer sa porte à ses petits-enfants. Et Cyrus n’hésiterait pas un instant à faire vibrer sa corde sensible pour tirer d’elle le maximum. Ce qui se réduisait à pas grand-chose, vu le peu qu’elle possédait. Se détourner de ses petits-enfants lui faisait mal au cœur, mais les aider revenait à permettre à Cyrus de continuer ses manigances, et ça, elle s’y refusait.
— Il y a des appartements libres, argumenta Sierra d’une voix plaintive. Et nous n’avons pas à payer de…
— C’est ce que tu lui as dit ? Que tu ne payais pas de loyer ? Ma fille, aurais-tu complètement perdu la raison ?
— Les Autres nous ont dit que nous pouvions rester. Ils nous ont même donné des meubles et des affaires.
— Ils ne nous les ont pas donnés. Ils nous prêtent des appartements meublés. Tout cela ne t’appartient pas. Et le loyer n’est pas gratuit. Comme Crispin ne travaille pas pour l’Enclos, il paie un loyer, comme n’importe qui. Pour les employés de l’Enclos, le montant du loyer est directement déduit du salaire, un détail que tu devrais garder à l’esprit si tu comptes rester ici. Sierra la dévisagea, bouche bée. Twyla poussa un soupir avant d’ajouter :
— Tu ferais mieux de décider très vite si tu préfères chercher un emploi à Lakeside et payer un loyer, comme Crispin, ou travailler dans l’Enclos à la place qui t’aura été assignée ».

« — Ça ressemble à une résidence surveillée, ma parole ! protesta Jimmy.
— Exact, sauf que vous avez le droit de sortir de votre tanière.
— Et si je ne suis pas d’accord ?
— Nous vous emmènerons immédiatement à la gare et vous achèterons quatre billets de train pour la destination de votre choix au sein de la région Nord-Est. Soit vous restez sous notre surveillance, soit vous décampez.
— Et si je décide de m’installer ailleurs à Lakeside ? Par tous les dieux ! Jimmy, arrête de négocier avec lui. Ce n’est pas quelqu’un que tu peux intimider.
— Nous vous pourchasserons et vous tuerons. Ensuite, votre compagne et vos petits seront autorisés à s’en aller. Jimmy parut écœuré et, enfin, vraiment effrayé. Sa peur s’envolerait sans doute moins d’une minute après le départ de Simon – l’arrogance naturelle de Jimmy revenait toujours au galop –, mais, pour l’instant, Cyrus James Montgomery avait compris qu’il s’était mis dans une situation dangereuse, voire mortelle. Simon se pencha en avant, retroussa les lèvres pour dévoiler des canines qui n’avaient plus rien d’humain et ajouta :
— Si vous vous approchez de Meg, je briserai vos os un par un, vous éventrerai et dévorerai votre foie alors que votre cœur battra encore. Sur ces mots, Wolfgard sortit, suivi par Henry, Vlad et Tess ».

« — Bien, conclut Monty en glissant de nouveau les photos dans le dossier. Tu es impliqué dans une tentative de cambriolage ayant entraîné la mort de six individus, tu seras donc poursuivi pour complicité de…
— Quoi ? Jimmy transpirait, à présent, et son teint était devenu cireux.
— Le capitaine Burke avait raison. C’est une perte de temps. Tous les chefs d’accusation seront retenus contre toi. Pour la première fois, Cyrus James Montgomery paraissait vraiment effrayé.
— Quoi ? Tu m’abandonnes ? Tu imagines ce qu’en dira maman ?
— Je ne pense pas qu’elle dira quoi que ce soit quand je lui expliquerai que tu as préféré être envoyé en détention avec les criminels dangereux plutôt que de coopérer pour obtenir ta libération.
— Quand je lui donnerai ma version de…
— Tu auras disparu. Elle n’entendra pas ta version. (Monty se pencha au-dessus de la table.) Et, une fois que tu ne seras plus là pour lui bourrer le crâne avec tes conneries, maman croira tout ce que je lui dirai. Voilà. Jimmy transpirait à grosses gouttes, à présent. Se rappelait-il avoir proféré ces mêmes paroles quand Monty avait quitté le foyer familial ?
— Connard ! Jimmy lui aurait sans doute craché au visage si des coups n’avaient pas retenti à la vitre, signalant que le délai qui leur avait été accordé était écoulé ».

2#-Un message de tolérance : Les Autres agissent par instinct et sans la « perversité » de la pensée humaine et du coup, c’est vraiment intéressant de voir que ces prédateurs ont rapidement accepté la meute de femelles humaines, à savoir Meg et ses amies, notamment les compagnes des policiers. Et depuis le tome précédent, il y a la mère du Lieutenant Montgomery, Twyla, qui est une femme âgée, une grand-mère, qui a autorité sur ses « petits » comme une sorte de matriarche. Du coup, le passage du repas en commun entre humains et métamorphes a été très émouvant pour moi, par rapport à Bug, le loup qui n’arrive pas à se transformer en humain (Bug a été introduit dès le début de la saga comme un loup un peu « anormal », avec le cerveau déficient, un handicapé mental, finalement…). Du coup, Bug avait été mis à la porte car le repas ne se faisait qu’entre humains et métamorphes sous leur apparence humaine….Pourtant, le pauvre loup va essayer de se transformer pour venir manger avec les autres….Cela ne va pas être complètement réussi et son apparence va osciller entre le grotesque et l’effrayant mais, la grand-mère humaine va le faire entrer à table et l’installer parmi les autres pour montrer qu’il a fait un effort et que cet effort doit être récompensé. J’ai vraiment adoré ce passage !

3#-Les habitants de Bennett : Cette ville à des centaines de kilomètres de Lakeside doit être repeuplée après que les humains y aient été éradiqués par les Ainés quelques mois auparavant en signe de représailles. Il a été décidé que ce serait Tolya Sanguinati, un vampire, qui serait le « chef » du village et le chef de la police est un loup, Virgil. Des humains vont arriver peu à peu (des humains triés sur le volet) et du coup, j’aurais vraiment aimé que l’auteure développe un peu plus cette partie de l’histoire. Je trouvais déjà intéressant la relation amicale qui s’est établie entre Tolya et Barb Debany, la jeune humaine vétérinaire, en charge de s’occuper des animaux domestiques laissés à l’abandon dans la ville depuis la mort des habitants humains, mais il y a un nouveau personnage féminin qui apparaît dans ce 5ème tome, c’est Jana Paniccia, la jeune femme qui veut devenir policière. Celle-ci nourrit certains griefs envers les hommes, (les mâles humains, je veux dire) puisqu’elle s’était déjà vue refuser un poste de policière sur le terrain en raison du fait qu’elle est une femme et que dans ce monde dangereux et particulier créé par l’auteure, les femmes doivent éviter de faire des métier trop risqués, à savoir policier, vu les dangers qui règnent au-delà des frontières humaines….Hors, lors de son entretien à l’enclos de Lakeside pour savoir si la jeune femme devait aller à Bennett, les Autres ne l’ont pas du tout jugée selon son sexe mais selon ses aptitudes…..Et oui ! Du coup, ce serait vraiment super si Anne Bishop pouvait écrire un livre consacré aux aventures des deux jeunes « pionnières » humaines  Barb et Jana, surtout que celles-ci doivent partager le même appartement ! L’une intrigue fortement un vampire et l’autre devra bosser sous les ordres d’un loup qui ne tient pas les humains dans son cœur….Vous imaginez le potentiel des histoires qui peuvent être créées à partir de tout cela ?!!!!....Et bien peut-être que mon souhait va se réaliser car j'ai lu une FAQ de l'auteure où elle explique qu'elle est actuellement en train d'écrire une histoire qui va se dérouler à Bennett et que le livre sortira en VO en 2019.....Très franchement, c'est obligé que Barb et Jana soient concernées, j'y mettrai ma main à couper....Vivement l'année prochaine !!!!!


« — J’ai suivi plus de cours d’autodéfense que tous mes camarades masculins. J’ai étudié de ma propre initiative des manuels de droit et de législation. J’ai réussi tous les examens et suis arrivée dans les premiers cinq pour cent de ma classe, mais, malgré tout, je ne peux pas devenir agent de police parce que j’ai des seins au lieu d’une paire de couilles. Simon attendit qu’elle reprenne le contrôle de ses émotions. De toute évidence, il lui avait marché sur la queue en posant une question qui, pour lui, était simplement censée ouvrir le dialogue. Jusqu’où étaient allées les railleries qu’elle avait subies ? La raison pour laquelle des mâles donneraient à une femelle d’excellents prétextes pour leur tirer dessus après lui avoir appris à se servir d’une arme à feu le dépassait.
— Désolée pour mon vocabulaire ».

« — Nous avons besoin de savoir si la Jana est suffisamment qualifiée pour être agent de police, déclara Simon.
— Sur le papier, elle l’est, soupira Burke. Cela peut paraître injuste, mais les postes de terrain ne sont jamais attribués aux femmes. Elles ne patrouillent pas dans les rues.
— C’est votre règle, pas la nôtre. Dans une meute, ce sont les mâles qui font respecter l’ordre parce qu’ils sont plus imposants et plus forts, mais les femmes jouent un rôle important à la chasse. Elles sont plus légères et plus rapides, ce qui leur permet de fatiguer la proie en la forçant à courir. Il ne reste plus ensuite aux mâles qu’à l’achever.
— Je veux bien vous croire, toujours est-il que je ne peux pas l’engager. Cela dit, songea Burke, si les Autres se montraient si déterminés à travailler avec un agent de police de sexe féminin, peut-être que les nouveaux maires et préfet de police accepteraient une entorse aux traditions, ce qui créerait un précédent pour toutes les femmes qui souhaitaient occuper un poste de terrain. Embaucher Mlle Paniccia lui éviterait également d’avoir à rechercher un coéquipier pour l’agent Debany. Simon laissa échapper un grondement sourd, comme s’il menaçait un rival.
— Nous voulons que la Jana travaille pour nous à Bennett en tant que shérif adjointe. Ce que nous attendons de vous, c’est que vous confirmiez qu’elle est convenablement formée au combat et à la chasse. (Il marqua une brève pause.) Inutile de tester ses talents de cavalière. Quelqu’un à Bennett s’en chargera. Ah ! voilà qui changeait la donne.
— Permettez-moi de consulter de nouveau son CV. (Si elle était un homme, se dit-il en parcourant ses diplômes, il n’hésiterait pas une seconde à l’engager comme agent de terrain.) Qu’en est-il du shérif ? Acceptera-t-il facilement d’avoir une femme pour adjoint ?
— Ce qui lui posera avant tout un problème, c’est d’avoir un humain pour adjoint, mais Tolya estime qu’il en faut un à ce poste pour maintenir la paix.
— Virgil a-t-il été formé au respect de l’ordre ?
— Il a été sentinelle dominante. Il sait tuer. Frappé par le ton de Simon, Burke leva les yeux. Virgil avait-il perdu des proches lors des carnages perpétrés par le mouvement HAT ? Ce n’était pas une question à poser. Néanmoins, il avait le sentiment que Virgil Wolfgard se montrait beaucoup moins tolérant que Simon à l’égard des humains. En cas de conflit, une femme policière pourrait en effet s’avérer précieuse pour contrebalancer l’agressivité d’un Loup mâle ».

4#-Meg et Simon : c’est  le « couple » que nous suivons depuis le début du livre, les deux personnages principaux de l’histoire, même si, finalement, la saga est beaucoup plus complexe que cela et n’a jamais réellement tourné d’une manière romantique (si vous cherchez une belle histoire d’amour avec des scènes sensuelles, vous n’en trouverez pas dans cette saga !). Je dois dire que j’ai été happée par leur histoire, et même si finalement, l’auteure nous en montre très peu (ou même pas du tout), nous ressentons pourtant l’attachement entre ces deux êtres et le fait qu’ils forment un couple sans l’être réellement, pourtant ! Auprès des autres créatures de l’Enclos, il va sans dire que Meg sera un jour la compagne de Simon, même si elle est humaine et qu’une relation de la sorte n’a jamais eu lieu (et qu’il est peu probable qu’ils puissent avoir des enfants ensemble, encore que….Vu que ça ne s’est jamais fait, pourquoi pas ? C’est peut-être finalement possible, génétiquement parlant ?). Attention zone spoilers ! Cliquez sur le mulot et passez le texte en surbrillance ! Les éléments dramatiques qui vont se dérouler dans ce 5ème tome montrent plus que jamais que les humains sont « de la viande » pour les Autres et que ceux-ci ne doivent jamais l’oublier…Sauf que Meg est une Cassandra Sangue et qu’elle ne « sent pas la proie » comme les autres humains (les autres cassandras Sangues non plus, ne sentent pas la proie, car elles sont finalement des humaines « à part »). Mais Meg reste néanmoins une humaine et Simon sait qu’il ne sera jamais humain, lui, bien au contraire….J’ai aimé la manière très pudique dont l’auteure a fait se dérouler leur relation même si, il faut bien l’avouer, j’aurais aimé en lire un peu plus et que la fin me laisse sur ma faim ! (ah ah !).

« Meg s’était habituée à voir ses amis se transformer pour lui délivrer un message ou répondre à une question dans le plus simple appareil avant de reprendre leur forme à poils ou à plumes, mais, avec lui, c’était différent, peut-être parce qu’ils partageaient des liens d’amitié particuliers. Il passait presque toutes les nuits avec elle sous forme de Loup. Leurs appartements respectifs, reliés par la véranda et un couloir, semblaient de plus en plus ne constituer qu’une seule et même tanière. Cela dit, sa relation avec Meg n’était pas comparable à celle de Kowalski et Ruthie, par exemple. Les Loups ne s’accouplaient qu’une fois par an, quand les femelles étaient en chaleur. Si Meg présentait le saignement typique des humaines en âge de se reproduire, elle n’avait jusqu’à présent jamais manifesté d’intérêt physique à son égard. Sauf le jour où… Elle lui avait demandé de prendre un bain de minuit avec elle, quelques semaines plus tôt. Nus tous les deux. Elle avait paru nerveuse au moment d’aller dans l’eau, puis effrayée quand il avait effleuré d’un baiser la cicatrice sur sa joue droite, stigmate de la coupure qui avait sauvé les Loups de Lakeside et bien d’autres, dans le Nord-Est et au-delà. Il l’avait déjà embrassée sur le front une ou deux fois auparavant, mais, quand il avait posé les lèvres sur cette cicatrice, il avait senti un changement s’opérer en lui et, durant les jours qui avaient suivi, son instinct lui avait fait peu à peu prendre conscience qu’il n’était pas tout à fait comme les autres Loups de Lakeside. Plus maintenant. Peut-être n’était-ce pas uniquement pour apaiser Meg que, après ce baiser, il l’avait invitée à jouer à un jeu de Loup alors qu’il se trouvait sous forme humaine. Elle s’était détendue. Et depuis… il avait bien remarqué que, par ces températures estivales, les mâles humains ne portaient quasiment aucun vêtement aux alentours de leur tanière et que personne ne s’en offusquait ».

« Dans les romans qu’elle avait lus, les personnages qui ressentaient une attirance réciproque semblaient souvent se disputer et se heurter à des incompréhensions, ou couchaient ensemble puis se séparaient avant de se retrouver. Mais il s’agissait d’humains, pas d’une prophétesse du sang et d’un Loup. On lui avait fait subir à l’institution des choses dont son corps se souvenait mais que son esprit, lui, avait occultées. Des choses qui lui rendaient la proximité physique de Simon plus supportable lorsqu’il se trouvait sous forme de Loup. Elle avait beau savoir, au fond de son cœur, qu’il ne la maltraiterait jamais comme l’avaient fait les employés du Contrôleur, elle se sentait plus en sécurité en compagnie du Loup, malgré les griffes et les crocs, que de l’homme ».

« — C’étaient des intrus. Des voleurs. De mauvais humains. Ce n’est pas comme si on avait mangé l’un de ses amis.
— C’étaient des intrus et des voleurs, concéda Henry. Ce qui faisait d’eux des ennemis. Et de la viande. Simon sentit le regard du Grizzly peser sur lui. Le guide spirituel de l’Enclos allait soit délivrer un discours, soit l’assommer d’un coup de patte.
— Tu n’es pas humain, Simon, déclara finalement Henry dans un roulement de gorge. Tu ne le seras jamais. Et les humains resteront toujours de la viande.
— Pas tous. Plus maintenant. Malgré tout, la sanction qu’il avait choisie, avec l’approbation de Vlad, Henry et Tess, pour punir le dernier malfaiteur en vie allait provoquer de nombreuses réactions parmi les humains. Une fugace sensation s’éveilla en lui, aussitôt disparue. Il n’était pas humain. Il ne le serait jamais. Mais était-il encore vraiment un Loup terra indigene ? ».

5#-Le comportement touchant des Ainés vis-à-vis de Meg : Je pense notamment au passage avec les biscuits. Ces énormes créatures « invisibles » et létales m’ont fait sourire face à leur gourmandise et la manière dont ils vont procéder pour obtenir les biscuits. C’est le décalage entre leur dangerosité et la demande toute bête de biscuits, tout simplement, qui donne cet effet « comique » et attachant. Un peu comme un dangereux pitt bull qui ferait le beau pour obtenir un sucre…..Ce qui était drôle aussi, c’est que Meg n’avait pas compris au début que c’était des Ainés qui rodaient dans le coin, elle pensait que c’était des louveteaux en manque de sucreries…grave erreur…Mais la jeune femme ne s’est pas démontée une fois qu’elle a compris à qui elle s’adressait et à qui elle apprenait les « bonnes manières »…..Ce fut un moment épique dans ce livre, comme il y en a eu plein d’autres d’ailleurs !


« Meg ouvrit la porte de service et examina les alentours. Une fois de retour dans la salle de tri, elle étudia le bout de papier que quelqu’un avait glissé sous sa porte avant son arrivée. « VEU BISCUI »
— Ce qu’il vous faudrait, ce n’est pas des biscuits, mais des cours d’orthographe, marmonna-t-elle. La vigueur avec laquelle avaient été tracés les épais traits de crayon semblait indiquer qu’il s’agissait d’un ordre et non d’une demande. Eh bien, elle savait quoi répondre.
— Ahouu ? lança Nathan depuis l’accueil.
— Ce n’est rien ! le rassura-t-elle en froissant le papier dans sa main. Ruth connaissait-elle le ou les professeurs qui enseignaient à l’école de l’Enclos ? Peut-être Henry serait-il en mesure de la renseigner. Elle croyait pourtant que les jeunes terra indigene apprenaient les bases de la lecture, de l’écriture et des mathématiques. Sam maîtrisait l’orthographe mieux que ça, et n’importe quel petit faisant preuve d’un minimum d’attention devait être capable d’épeler « biscuits » correctement, non ? Alors qu’elle s’apprêtait à jeter le message dans la poubelle de recyclage, elle retint son geste pour lisser la feuille et relire ce qui y était écrit. C’était bel et bien la première fois que quelqu’un exigeait des biscuits. D’habitude, quand une livraison de la boulangerie Eamer arrivait, les Loups se contentaient de ce qu’elle leur donnait. Quoi qu’il en soit, elle ne céderait pas. Ce serait une erreur. Elle souleva le combiné du téléphone et composa le numéro de la boulangerie Eamer à Port-Batelier. Ce n’était pas parce qu’elle refusait d’obéir à un ordre qu’elle ne pouvait pas se préparer à satisfaire une demande exprimée en bonne et due forme ».

« Un choc fit trembler la porte de service du bureau de liaison. Alertés par le bruit, Nathan, qui montait la garde à l’accueil, se mit à gronder, et Pete Denby, qui travaillait dans son bureau à l’étage, sortit en courant pour voir ce qui se passait. Meg ouvrit la porte et posa le pied sur un bout de papier qui menaçait de s’envoler avant de le ramasser. « VEU BISCUI ! »
— Ah oui, vraiment ? Certaine que la personne qui avait déposé le papier l’observait, Meg sortit en agitant un doigt réprobateur :
— Quand on demande quelque chose, on dit « s’il vous plaît », quand on est poli ! Elle attendit, sûre que les louveteaux qui avaient laissé le message sortiraient de leur cachette la tête basse et la queue entre les jambes. Mais rien de tel ne se produisit. Seul lui répondit un étrange silence qui la mit mal à l’aise ».

Ce que je n’ai pas aimé dans ce livre :
La saga se termine et c’est hyper frustrant ! Si je dois dire une chose négative sur ma lecture c’est bien cela : Pourquoi c’est fini ?!!!! Pourquoi Anne Bishop s’arrête maintenant alors que tout est à commencer, justement, notamment la relation entre Meg et Simon ! Elle a introduit tellement de personnages, a bouleversé son univers en quelques mois avec la remise en cause de la « supériorité » des humains sur les Autres que du coup, c’est vraiment très crispant de savoir qu’on n’aura jamais la suite…Encore que, est-ce que c’est vraiment fini ? L’auteure a déjà écrit un spin-off, un premier tome, avec des personnages inédits….Qui nous dit qu’elle ne reviendra pas un jour sur les habitants de Lakeside ?

Pour conclure, je ressors une nouvelle fois enchantée de ma lecture de ce dernier tome de la saga Meg Corbyn. L’auteure américaine Anne Bishop a le chic pour nous entraîner dans son univers à la fois commun mais totalement différent du monde dans lequel nous vivons. En plus de l’histoire passionnante des aventures de nos héros, il y a aussi les messages et les réflexions que nous pouvons tirer de cette lecture, avec, en premier lieu, que la Terre n’appartient pas qu’aux humains et que c’est un tort de croire que tout nous est dû. Je ne peux que vous recommander la lecture de cette saga, qui est totalement différente des autres livres du genre avec des « loups-garous » et des vampires et qui a été un immense coup de cœur pour moi durant ces 5 tomes…..Cette saga mériterait une adaptation en film ou en série, ça c’est sûr ! Et personnellement, je ne serais pas contre le fait que l’auteure reprenne un jour ses personnages et nous réécrivent des nouvelles aventures les concernant. Il y a tellement de potentiel pour de futurs scénarios ! En attendant, je me contenterai de la sortie de son spin-off "Lake Silence" (titre en VO pour le moment), quand il sera traduit en français, d’ici quelques mois, je l’espère….Et cerise sur le gâteau, dans une récente FAQ l'auteure a signalé qu'elle était en train d'écrire un tome dont l'action se déroulera à Bennett, le livre devrait sortir en VO en 2019....Aaaargh ! J'ai trop hâte !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

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