mercredi 5 avril 2017

LA MORT DE L'ANGE


Linda Howard 
Les Editions J'ai Lu 2010
sortie originale 2008
375 pages

Synopsis :
Installée par son amant dans une bonbonnière à Manhattan, Drea occupe son temps entre virées shopping et téléachat. Jusqu'au jour où il la cède, pour quelques heures et paiement en nature, à un tueur à gages. Humiliée, elle décide de se venger et lui dérobe deux millions de dollars. S'ensuit une course- poursuite effrénée qui se solde par un accident de voiture. Des anges lui apparaissent et lui donnent une seconde chance, mais on n'échappe pas à son passé...

L’auteure américaine Linda Howard est une valeur sûre à mes yeux lorsque je recherche une histoire avec du suspense et une belle romance. Encore une fois, avec La mort de l’ange, j’ai passé un très bon moment de lecture. Certes, ce livre peut en déranger plus d’un car il débute un peu à la manière d’une Dark romance (avant l’heure, puisque ce livre a été écrit en 2008), dans la mesure où le corps de l’héroïne sert de monnaie d’échange durant quatre heures de plaisir à un tueur à gages engagé par son mafieux de petit copain….

Je peux dire que ce livre m’aura énormément tenue en haleine de par ses multiples retournements de situation (même si certains détails sont évoqués dans le synopsis….).  L’auteure nous ballade sur divers genres littéraires, ce qui est assez déroutant puisque nous passons d’un suspense à du fantastique, au drame puis à la romance !



Ce que j’ai aimé dans ce livre :
1#-L’intelligence de l’héroïne : Si Drea cultive l’art de la dissimulation, avec brio, pour survivre, elle va néanmoins trouver quelqu’un qui la surpasse en la personne de Simon, qui lui, utilise la dissimulation pour traquer et tuer ses « proies ». Je ne sais pas si la manière de se débrouiller en cavale et de disparaître dans la nature peut être semblable en France, avec nos lois et nos règles (cela dit, Xavier Dupont de Ligonnès y est bien arrivé, au moment où j’écris cette chronique, en tout cas…), mais pour ce qui est des Etats-Unis, l’auteure Linda Howard nous enseigne une bonne leçon sur la manière de « disparaître » et de réussir à déjouer la bureaucratie des banques, notamment. Ce qui est remarquable chez Drea, c’est qu’avant d’envisager de partir, elle savait pertinemment qu’elle serait un jour remplacée par une autre femme quand Rafael Salinas se serait lassé d’elle. Elle va donc jouer les idiotes profondes pour détourner l’attention auprès de Salinas et de ses hommes de main. Quand eux pensent qu’elle n’est qu’une jolie blonde pas très fûtée, elle enregistre des éléments essentiels, comme le mot de passe du compte bancaire de son amant….Durant deux années, elle va jouer ce rôle, être constamment dans le contrôle de ses émotions et de son apparence physique (elle ne va pas faire de véritable repas durant tout ce temps là pour éviter de grossir !)….Son petit jeu est parfaitement réfléchi et orchestré et la seule personne qui n’est pas dupe et qui l’a cernée, en partie, c’est justement Simon, mais celui-ci va garder tout ça pour lui. Il a juste l’intuition que la jolie blonde sexy mais débile alanguie près du mafieux qui l’emploie pour faire ses sales besognes est beaucoup plus maligne qu’il n’y parait….Et cela va se vérifier dans les jours suivant leur « tête à tête » sensuel (et forcé, en ce qui concerne Drea, qui n’a pas du tout apprécié avoir été « vendue » par son amant….En même temps, quand on joue le rôle d’un bel objet, il faut pas se plaindre de le devenir réellement aux yeux des autres !).   

« Elle n’avait aucune illusion sur la pérennité de sa situation auprès de Rafael. Si elle atteignait à présent son apogée, assez âgée pour être féminine, assez jeune pour ne pas craindre les rides ou les cheveux blancs, qui pouvait dire ce qu’il en serait d’ici un an ou deux ?   Un jour, Rafael se lasserait d’elle et, à ce moment-là, elle voulait avoir amassé un confortable petit pécule, en bijoux de préférence. Drea Rousseau savait ce qu’était la pauvreté et n’avait pas l’intention de jamais y retomber. Elle avait coupé les ponts avec la fille qu’elle avait été, une pauvre plouc dénommée Andie Butts, cible des pires moqueries à cause du nom qu’elle portait. Elle avait créé de toutes pièces Drea Rousseau, un nom de consonance française pour une femme élégante et coûteuse ».

« Elle avait œuvré si dur pour que les gens la voient comme une poupée ornementale, hédoniste et pratiquement idiote, en clair quelqu’un d’inoffensif. Laisser les gens la sous-estimer lui donnait un énorme avantage… mais lui ne semblait pas du tout la sous-estimer, ce qui à la fois lui plaisait et la terrorisait. S’il pouvait voir un cerveau derrière sa comédie, alors d’autres pouvaient également le deviner. D’un autre côté, sa tranquille conviction qu’elle connaissait les réponses à ses questions répondait à un besoin crucial qu’elle n’avait pas bien réalisé, l’envie d’être enfin traitée comme un être pensant ».

2#-Le charme froid de Simon : Linda Howard a le chic pour nous créer des héros masculins très séduisants. Pour celui-ci, l’auteure ne change pas au niveau de l’apparence (elle aime que ses héros soient grands, bruns  musclés et viriles), par contre, au niveau tempérament, Simon m’a beaucoup fait penser à Diaz, le héros mythique de son œuvre Le disparu de San Pablo (que je vous recommande chaudement !). En effet, Simon est un homme aux abords très froids, il parle peu et il est très intimidant. Son métier de tueur à gage l’oblige à se déplacer avec beaucoup de discrétion, de connaître les bons contacts pour entrer dans les systèmes informatiques. Les fonctionnalités des banques, avec leurs désagréments, n’ont plus aucun secret pour lui. Il sait aussi penser à la place des autres, ce qui lui permet d’anticiper les actions de ses « proies-victimes ». Simon est certes un tueur à gage qui se charge des sales besognes contre de très grosses sommes d’argent, mais il a aussi des principes comme de ne pas tuer des policiers ou des victimes qu’il considère « innocentes ». Ses cibles sont donc très souvent des mafieux ou des trafiquants, tout comme les personnes qui l’emploient. Sa rencontre avec Drea va être déterminante. Encore une fois, il ne va pas dire grand-chose quand il va se retrouver seul avec elle durant quatre longues heures. Ses actes vont parler pour lui et quoi qu’on en dise, on peut comprendre pourquoi Drea va se mettre à espérer quelque chose de lui, surtout qu’elle n’attend plus rien de son amant qui l’a lâchement "offerte" à Simon….

« - Emmène-moi avec toi, s’écria-t-elle soudain tout en ravalant la brûlante humiliation de ses larmes. La main sur la poignée, il s’arrêta et la regarda enfin, les sourcils légèrement froncés.  
- Pourquoi ? Dit-il d’une voix calme et vaguement étonnée comme s’il n’arrivait pas comprendre qu’elle fasse une telle demande. Une seule fois me suffit. Puis il s’éloigna, laissant Drea figée sur le lit. Il agissait dans un tel silence qu’elle n’entendit pas la porte de l’appartement s’ouvrir ou se fermer mais elle sentit son absence, et sut le moment exact où il sortit.   Le silence se referma autour d’elle, aussi profond qu’un tombeau. Elle savait qu’elle avait des choses à faire, des choses importantes, mais pour l’instant elle ne pouvait s’y résoudre. Tout ce qu’elle pouvait faire était de rester plantée là, respirant à peine, regardant le champ de ruines qu’était soudain devenue sa vie. Elle venait encore de se faire jeter, et de la pire façon qui soit ».

« Soudain, elle réalisa qu’il avait assisté à sa mort. Elle tressaillit et le regarda droit dans les yeux. Elle se souvint alors l’avoir vu troublé, sans son masque d’impassibilité. Son visage à nu montrait… quoi ? Elle n’arrivait pas à mettre le doigt dessus. Il lui avait parlé mais, dans sa mémoire, l’écho de ses paroles se fondait de la pure et merveilleuse lumière qui l’entourait. C’était sans importance. Mais il savait ce qu’elle avait traversé. Il savait qu’elle était morte. Il avait emporté ses affaires avant de la laisser— alors pourquoi était-il revenu ? Après ce qu’il avait vu, comment avait-il pu envisager qu’elle ait survécu ?  
-Je suis morte, dit-elle tout à coup.   Il leva les sourcils, comme s’il s’étonnait qu’elle change de sujet. --Je sais.  
-Alors pourquoi avez-vous insisté ? Les cadavres sont enterrés. Vous ne pouviez pas savoir que j’avais survécu.  
-J’avais mes raisons. Raisons qu’il ne comptait pas donner, c’était évident. Troublée, elle se prit la tête à deux mains, serrant ses doigts à travers ses cheveux contre son crâne comme si la pression pouvait l’aider à comprendre, à organiser ses pensées. Il était tendu, les yeux plissés, et elle sentait qu’il aurait préféré qu’elle n’insiste pas. Mais elle fit quand même.  
-Vous saviez que j’étais morte. Il n’y avait pas d’erreur possible. D’ailleurs vous ne faites pas ce genre d’erreurs. N’êtes-vous pas curieux de savoir pourquoi je me retrouve assise ici ? Moi je suis curieuse de savoir pourquoi vous l’êtes— si ce n’est pas pour me tuer. Je serais devenue d’un coup importante pour vous ? Je ne vous crois pas. Une fois suffit, vous vous rappelez ? »


3#-Le passage « fantastique » : Je mets le mot fantastique entre guillemets car si vous avez lu d’autres articles de mon blog, vous savez quelles sont mes certitudes en matière de spiritualité. Certes, je grince un peu des dents en ce qui concerne les religions monothéistes car elles ne servent qu’une poignée d’individus pour contrôler la masse, avec des objectifs souvent « peu catholiques », il n’en reste pas moins que je sais qu’il existe quelque chose après la fin de notre corps physique (je ne vais pas développer ici, par contre ! Vous n’aurez qu’à lire mes chroniques de livres à ce sujet !). Bref, je sais aussi que beaucoup de pays, même ceux qui ne sont pas forcément « religieux » mais qui sont spirituels (chamanisme, communion avec la nature, respect des morts) acceptent ce principe de « survivance » d’un « soi » au-delà de la mort. Les américains font partie de ces peuples moins septiques que nous, français et du coup, les témoignages d’Expérience de Mort Imminente (EMI) sont courants dans ce pays et ne sont pas tus ou tournés à la dérision comme cela peut être le cas chez nous…Dans La mort de l’ange, Drea va avoir un terrible accident qui va la conduire aux frontières de l’au-delà et elle va rencontrer des « anges » (c’est indiqué dans le synopsis du bouquin !)...Attention zone spoilers ! Cliquez sur le mulot et passez le texte en surbrillance ! J’ai trouvé la manière dont l’auteure a abordé ce passage très réaliste par rapport à mes connaissances à ce sujet. Par exemple, le fait que Drea rencontre un jeune homme censé représenter son bébé mort-né quand elle était adolescente fait écho en moi. L’amour qui se dégage de cet être est fortement ressenti par la jeune femme, comme une évidence. Ils sont connectés et se retrouvent enfin. Par contre, si Drea voulait rester dans cet endroit, avec son « enfant », celui-ci va lui faire comprendre que ce n’est pas possible. C’est donc à contre-cœur qu’elle va devoir revenir dans le monde des « vivants », mais par contre, totalement changée car elle sait ce qui l’attend quand son heure arrivera (même si elle doit le mériter car pour le moment, à part son amour incommensurable pour son bébé perdu, on ne peut pas dire qu’elle ait vécu une vie très vertueuse….). Comme beaucoup de gens qui vivent des EMI, Drea va revenir avec des capacités psychiques augmentées, ce qui va lui permettre de voir , de ressentir des choses pour le futur des gens qui la côtoient. Et oui, Drea est devenue un peu médium ! Pour moi, ce passage n’est pas du tout fantastique (c’est pour ça que je le mettais entre guillemets au début) car il correspond parfaitement à mes croyances. A ce propos, je vous conseille très fortement de regarder le film brésilien Nosso Lar (Notre demeure)….Je n’en dis pas plus, sauf peut-être que ce film est bouleversant, tiré des livres témoignages du plus grand médium du brésil, le très humble Chico Xavier, décédé en 2002.

4#-La cavale : J’adore les histoires où le héros est en cavale. C’est le 2ème de l’auteure que je lis et je dois dire qu’elle maitrise son sujet notamment avec tous les détails techniques dont doit faire preuve Drea pour ne pas se faire chopper par Simon. C’était stressant, haletant et bien entendu, la course poursuite se termine en apothéose….Quel moment de lecture exaltant ! En même temps, comme je suis plus habitée à lire des romances, dès qu’il y a un peu de suspense et d’angoisse, je pars à fond dedans ! Attention zone spoilers ! Cliquez sur le mulot et passez le texte en surbrillance ! Le moment où Drea meure, empalée par une branche d’arbre, quand elle tombe dans le ravin avec sa voiture était incroyable ! C’était aussi intense de voir la réaction de Simon, qui la traquait depuis plusieurs kilomètres, sans avoir l’idée précise de la tuer (il n’avait même pas encore fait son choix à ce moment-là)…..Du coup, quand il va la rejoindre près de la voiture et la voir mourir sous ses yeux, elle, qui va lui jeter ce regard intense et étrange et dont les deux derniers mots sont à propos d’un ange, cela m’a fait frémir d’émotion ! Bien entendu, je savais que Drea allait revenir à la vie, vu que c’était indiqué dans le synopsis du livre mais de voir mourir le personnage principal que nous suivons depuis le début, avec ses angoisses, ses stratégies, ses états d’âme, c’était bouleversant ! Et c’était aussi bouleversant de voir la réaction de Simon qui était plein de regrets et de remords…..Du coup, le moment où il va apprendre quelques jours plus tard que la jeune femme a survécu (enfin, elle a ressuscité, car il l’a vue avoir son dernier souffle, et il a attendu une demi-heure quand les secours sont arrivés et l’ont mise directement dans un sac mortuaire…..Elle était morte à ce moment-là, pas de doutes, et surtout pas de doutes de la part d’un homme dont la mort est le métier !). Le passage de la cavale est sans doute mon préféré dans ce livre, et évidemment, il y a ensuite celui où Simon revient quelques mois plus tard dans la vie de la jeune femme, qui se fait maintenant appeler Andy et qui travaille comme serveuse (et qui cherche par tous les moyens à se débarrasser des deux millions de dollars d’argent sale qui dorment sur son compte en banque et qui ne correspondent plus au chemin de vie qu’elle s’est destiné depuis son passage éclair dans l’au-delà…).

«- Ralentis, » dit-il d’une voix brève, tout en sachant qu’elle ne pouvait pas l’entendre. Il vit l’arrière de sa voiture déraper et relâcha son pied de l’accélérateur, laissant le 4x4 ralentir avant la série des tournants. S’il lui laissait davantage de champ, peut-être ne prendrait-elle pas tant de risques — et puis son 4x4 tournait moins bien que sa voiture.  Les roues de Drea se mirent à chasser, glissant sur le goudron, projetant des gravillons alentour. Il la regarda avec une colère inutile, réalisant qu’il ne pouvait absolument plus rien faire pour elle.   Le cœur de Drea s’emballa tandis que sa voiture glissait vers le ravin. Elle avait une pénible sensation d’impuissance. Les lois physiques l’avaient empoignée, et elle ne pouvait rien faire pour s’en libérer.  Elle était au pire endroit de la courbe, avec le vide en face d’elle.   Le temps se figea — puis sauta d’une image à l’autre, comme un film dont elle ne maîtrisait pas le déroulement. Á chaque étape, elle sut exactement ce qui se passait, tandis que son esprit précédait l’action.   Première étape, elle comprit immédiatement qu’un coup de volant trop brutal le renverrait droit dans la paroi rocheuse du tournant suivant. Même si elle survivait au choc, ce ne serait que temporaire parce qu’il était juste derrière elle et pourrait prendre son temps pour la tuer.   Seconde étape, à la seconde précise où les pneus perdirent leur adhérence, la voiture se rapprocha du vide et commença à glisser. Son estomac se souleva, comme dans un grand-huit. Brièvement, elle aperçut le gros 4x4 avec l’homme au volant, et ressentit une douleur affreuse comme si son cœur se brisait. Il n’avait pas voulu d’elle. Si seulement il l’avait fait. Si seulement il avait pris sa main quand elle l’avait supplié : « Emmène-moi avec toi. » Mais il ne l’avait pas fait, et maintenant il ne le ferait plus jamais.   Troisième étape, les pneus retrouvèrent leur adhérence, menant encore plus vite la voiture vers le précipice, envoyant alentour de grands jets de poussière et de gravillons. Le volant s’emballa comme animé d’une vie propre malgré ses mains crispées. La voiture heurta la rambarde et bascula par-dessus bord. Peut-être criait-elle. Elle avait dû crier tout le long mais elle ne fut consciente que d’un silence surnaturel et absolu. Quatrième étape, durant quelques secondes d’agonie, la voiture resta suspendue dans les airs. Plus bas, elle vit que la route continuait en épingles serrées, et pensa stupidement aux films où les voitures retombaient sur leurs roues, un pneu en moins, mais miraculeusement indemnes. Elle n’était pas dans un film, et ne retomba pas sur la route. Sous l’impact, tout l’avant explosa violemment et elle vit des arbres se ruer sur elle, comme des fusées tirées par un canon.   Durant ces ultimes secondes, sa vision fut parfaitement limpide, ses pensées cohérentes. Et elle sut que c’était la fin ».

« Par un curieux hasard, son ravissant visage n’avait que quelques coupures bénignes. Les immenses yeux bleus étaient grand ouverts, tournés vers lui comme si elle le regardait.   Soudain, la poitrine de Drea se souleva péniblement, cherchant l’air. Horrifié, Simon réalisa qu’elle le regardait réellement. Elle s’en allait — et s’en allait vite — mais elle le regardait, et elle le reconnut.   « Mon Dieu, mon cœur, » murmura-t-il d’une voix brisée.   Il se souvint soudain du goût de ses baisers, de la douceur de sa peau, de son adorable parfum de femme sous les onéreuses senteurs qu’elle portait. Il se souvint d’elle dans ses bras, de son besoin d’affection, de la chaude réponse de son corps, du regard perdu de ses grands yeux quand il était parti. Il se souvint de la musique de son rire. Et la réalisation brutale de ce qu’il perdait avec elle le heurta de plein fouet, laissant en lui un vide béant et douloureux à hurler.   Il ne pensait pas qu’elle ait pu l’entendre. L’expression de son visage était sereine — et lointaine — comme si elle était déjà partie. Sa peau translucide était livide. Mais ses yeux lumineux restaient fixés sur lui. Soudain, leur expression s’adoucit, exprimant une tendresse infinie mêlée à une joie éperdue. Les lèvres exsangues s’ouvrirent pour souffler deux mots, puis elle mourut.   Il vit les grands yeux bleus se ternir. Son corps essaya de prendre un dernier souffle, luttant encore pour une vie qui n’existait déjà plus, puis tout s’arrêta.   Le vent jouait avec les cheveux qui flottaient contre la joue blême. Doucement, Simon tendit le doigt vers la mèche, raide et brune désormais, mais tout aussi soyeuse qu’autrefois blonde et bouclée. Il la repoussa derrière l’oreille, puis caressa la joue. Il avait des choses à faire mais pour l’instant il ne pouvait bouger, comme si le sol s’était dérobé sous lui. Il la regarda encore et encore, espérant en vain, mais elle était morte et il le savait. Il ne restait plus rien.   Il prit enfin plusieurs respirations rauques, laborieuses, puis se força à se redresser, à s’écarter de la voiture. Les sentiments n’avaient aucune place dans sa vie. Il ne pouvait se permettre de laisser quiconque compter pour lui. Il devait enfermer ses émotions et s’en protéger ».

Ce que je n’ai pas aimé dans ce livre :
1#-Le choix de vie de Drea au début du livre : Avant sa « rencontre » (on va dire ça comme ça…) avec le tueur (qui ne donne son nom à personne, on finira par l’apprendre, mais dans la bonne moitié du livre, c’est « le tueur »), Drea vit comme une espèce de call-girl attitrée à un mafieux. Elle a 30 ans et sait que ses années sont comptées avant qu’elle ne soit remplacée par une plus jeune au bras de Salinas. Du coup, avec l’intelligence dont va faire preuve notre héroïne durant tout le livre, je me demande encore pourquoi elle a choisi au départ de se faire entretenir par un mafioso dangereux durant deux longues années, en se faisant passer pour une parfaite idiote (histoire de ne pas attirer l’attention)…..Ok, il y a l’appât du gain puisque nous comprenons assez vite que la jeune femme compte amasser un maximum d’argent, avec les bijoux offerts etc, pour ses vieux jours, mais néanmoins, quel intérêt de vivre comme une poupée gonflable à disposition et pour ne pas se faire démasquer, d’être toujours sur le qui-vive et le contrôle de soi, pour justement, ne pas être soi-même ? Pourquoi rester auprès d’un mafieux ? Si Drea avait décidé d’avoir un autre chemin de vie, avec son intelligence, certes, elle n’aurait pas vécu dans le luxe (de l’argent sale), mais elle aurait pu avoir une vie normale et parsemée de petits bonheur….Pourquoi avoir attendu d’être face à sa propre mort pour décider de changer de vie et de renier ses valeurs ultra-matérialistes auxquelles elle s’était donnée corps et âme pendant deux longues années ? J’avoue que je ne comprends pas trop les gens qui font n’importe quoi pour de l’argent……

2#-Le changement de titre de la part de l’éditeur : Je tiens aussi à revenir sur le changement de titre de cet ouvrage qui s’intitulait « Destin fatal » lors de sa première parution (les Editions J’ai Lu nous avaient déjà fait le coup pour « Obscure prémonition » de l’auteure, d’ailleurs)….Et puisque l’on en est au titre du livre, la VO s’intitule Death angel….C’est à dire « ange de la mort »….Hors, la traduction devient « la mort de l’ange » ( death’s angel )….C’est étrange…..Et ce qui me chagrine c’est que cette auteure ne soit pas plus mise en avant  et prise au sérieux par les Editeurs français ou la blogosphère car franchement, moi, je suis tombée amoureuse de sa plume !

Pour conclure, La mort de l’ange est une histoire d’amour assez particulière puisqu’elle débute sous la contrainte et aurait pu s’achever dramatiquement. Une petite dose de surnaturel, avec un passage dans l’au-delà pour notre héroïne Drea va la faire revenir plus forte et plus déterminée que jamais à oublier son ancienne existence et à se consacrer à ce qui est vraiment essentiel dans la vie. La rédemption d’un tueur à gage par exemple….J’ai découvert l’auteure américaine Linda Howard depuis quelques semaines maintenant et je dois dire que je suis totalement fan de sa plume. La mort de l’ange a été pour moi une lecture vraiment haletante, autant au niveau des émotions positives que négatives (avec le stress de la cavale en bagnole, notamment). L’auteure sait parfaitement doser les différents styles littéraires et ceux-ci s’entremêlent dans le récit d’une manière fluide et addictive. J’ai particulièrement apprécié la personnalité de Drea, enfin surtout ce qu’elle est devenue après son accident de voiture qui lui a permis d’avoir une seconde chance. Les héros masculins « howardiens » sont toujours terriblement sexy et viriles. Simon ne fait pas exception à la règle. Il a cependant une aura létale en plus des autres qui fait toute la différence….Je vous recommande totalement ce livre, surtout si vous aimez les héros masculins sombres et les héroïnes intelligentes et…humaines ! 

Ma note : 17/20

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