mercredi 14 décembre 2016

Le plaisir de te détester


Emilie Million
Les éditions Harlequin (HQN) 2016
203 pages

Synopsis :
Pour certaines personnes, les réunions des anciens du lycée sont un bon prétexte pour étaler son bonheur et sa réussite. Pour Marie, c’est surtout l’occasion de se prendre la réalité en face : célibataire, au chômage, au bord de la ruine, on ne peut pas dire qu’elle ait de quoi se vanter auprès de ses anciens camarades. Constat qui devient d’autant plus blessant lorsqu’elle se retrouve face à David, qu’elle a humilié dix ans plus tôt. Car le geek boutonneux de ses souvenirs s’est transformé en un chef d'entreprise charismatique. Alors, quand ce dernier lui propose de devenir son assistante, Marie hésite : doit-elle céder à la tentation de revoir David ou bien faire preuve de prudence et éviter cet homme qui a toutes les raisons de lui en vouloir ? 

«-Est-ce que tu sais parler anglais ? embraya-t-il en faisant la sourde oreille à mes protestations. 
-Bien sûr que je parle anglais, qu’est-ce que tu crois ? Je regarde Game of Thrones en VO depuis des années. Une grosse veine vint pulser sur sa tempe, ce qui attira momentanément mon attention. 
-Je ne suis pas sûr que cela soit reconnu comme une véritable expérience, bougonna-t-il ».

Après la lecture mitigée du tant attendu 3ème tome de Phobos, il fallait que je me console avec une petite comédie romantique comme je les aime. Le plaisir de te détester a parfaitement tenu ses promesses et m’a fait passer un très agréable moment de lecture. Bien entendu, il y a certains petits détails qui m’ont fait tiquer (et que j’expliquerai plus en profondeur ci-dessous) mais dans l’ensemble, je dois bien reconnaître que j’ai beaucoup aimé suivre les mésaventures de Marie face à ses problèmes de « célibataire au chômage qui vit en coloc dans un petit appartement » et qui se retrouve embauchée comme secrétaire assistante (à l’insu de son plein gré) par le mec qu’elle avait très méchamment humilié dix ans plus tôt lorsqu’ils étaient lycéens….

« Je n’avais gardé contact avec personne. Mon année de terminale terminée, je m’étais empressée de brûler mes cours dans un grand feu de joie puis avais pris le chemin de la fac de droit où j’avais lamentablement échoué. Deux années de suite. Finalement, après une année sabbatique à visionner des séries, mes parents m’avaient prise sous leur aile et m’avaient offert une place de vendeuse dans leur boutique de vêtements. L’affaire allait plutôt mal malgré tous leurs efforts. Ils finirent par mettre la clé sous la porte, et je dus enchaîner des petits jobs comme dogsitter ou animatrice dans un centre commercial. Dix ans plus tard, mon parcours n’avait rien de glorieux et cette assemblée de types bien sapés et de filles au sac à main griffé me donnait la terrible impression d’être une ratée ».

Ce que j’ai aimé dans ce livre :
1#-Patriiiiiiiick ! Le récit se passe en France - à Strasbourg, plus exactement – et cela nous permet d’avoir des références relatives à notre culture française, notamment musicale avec l’évocation de Patrick Bruel qui a donné l’idée aux camarades de Marie de « se retrouver dans dix ans » comme dans la chanson « Place des grands hommes ». J’étais ado au moment de la Bruel mania et le concert live qui était sorti à cette époque-là, je peux vous dire que je l’ai écouté un bon milliard de fois (avec des copies de cassette car mine de rien, si la bande s’effrite dans le poste radio-k7, malheur !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!). C’est dans ce live [Si ce soir] où Patrick met en scène sa chanson avec son fameux speech juste avant d’entamer les premières notes où il dit « il vaut mieux vivre avec des remords qu’avec des regrets »….Cette phrase, je l’ai toujours gardée en moi depuis mon adolescence et je me la répète souvent car elle est tellement vraie ! Bref, je suis totalement heureuse qu’Emilie Million ait inclus ce petit clin d’œil sur Patrick Bruel dans son livre. C’est un gros point positif pour moi car cela touche mon cœur d’adolescente des années 90 que j’étais à cette époque-là !

«Et tout ça avait commencé par la faute de ce fichu Patrick Bruel ! Mes camarades de classe n’avaient rien trouvé de mieux que de se promettre de se réunir, tout comme le proposait joyeusement sa fameuse chanson « On s’était dit rendez-vous dans dix ans ». À l’époque j’avais également accepté, espérant que le temps ferait son boulot et que tout le monde oublierait. C’était sans compter sur l’entêtement de certains et sur l’apparition des réseaux sociaux ! Tout le monde avait rapidement repris contact le moment venu et cette fameuse réunion avait été remise sur le tapis. Mel était plus qu’excitée par tout ça. Elle m’en avait régulièrement rabattu les oreilles, si bien que mon cerveau faisait une surchauffe chaque fois que les mots « réunion », « dix ans », « génial » étaient évoqués. J’avais également développé une aversion pour Patrick Bruel, que je tenais pour responsable au même titre que mes anciens camarades de lycée ». 



2#-L’humour de l’héroïne : Marie s’exprime à la première personne du singulier dans le livre, nous suivons donc ses pensées et cela est vraiment très plaisant à lire (surtout quand elle vit des moments embarrassants !). Marie, mais aussi ses deux copines Candice et Mélissa ont énormément d’humour et d’autodérision….Remarquez, elles ont raison ! Cela ne sert à rien de déprimer même si elles arrivent presque à l’âge de 30 ans et vivent encore comme des ados à regarder des séries TV le soir en bouffant de la glace avachies sur le canapé…..Tout le monde n’est pas obligé de se marier et d’avoir des enfants pour être heureux ! Et puis surtout, elles ont encore un peu de temps devant elles avant que « la fabrique à bébés » ne s’enraye définitivement….De toute manière, pour ce qui est du cas de Marie, elle assume parfaitement bien son futur rôle de « belle-mère » avec Sarah, la fille âgée de 7 ans de David. Cette petite fille est très mature pour son âge et malgré mes premières craintes, vu le caractère très spécial de la mère de la petite, elle ne sera finalement en rien un obstacle entre Marie et David.

3#-Les scènes utlra romantiques : David est un homme parfait. Certes, il est étonnant qu’il ait autant changé physiquement en seulement dix années….Dès les premières scènes entre lui et Marie, nous ressentons le désir qu’il a pour elle et c’est vraiment trop chou ! Bien évidemment, il y va avec des grosses pincettes vu leur passé en commun qui s’est mal terminé mais j’ai vraiment beaucoup aimé la manière dont il lui a fait la cour au fur et à mesure….En plus, c’était gonflé vu que son ex-future épouse était dans le bureau à côté….




"–Ta rancœur et tout et tout. Tu sais bien qu’à l’époque, ça n’aurait jamais pu coller entre nous. Avais-je dit « à l’époque » ? Je fis mine de rien et continuai : – Je ne voulais pas te froisser alors j’ai inventé… 
– J’ÉTAIS AMOUREUX DE TOI ! hurla-t-il pour me couper le sifflet. Les yeux écarquillés, je le vis se redresser et passer une main brutale dans ses cheveux. Ma température corporelle devait friser les mille degrés. « AMOUREUX » ! David, Monsieur-qui-renifle, l’ami à qui j’avais menti et posé un lapin avait été amoureux de moi. J’en étais scotchée ! Je devais avouer qu’à l’époque, j’étais trop occupée à me regarder le nombril pour me soucier des états d’âme d’un ami éconduit. Bien sûr, dix ans plus tard, je n’avais pas beaucoup d’espoir en ce qui concernait son affection d’antan".

4#-Les références en matière de séries et de films : Notre héroïne est fan de Buffy contre les vampires et de Dirty Dancing, entre autres...Bah oui, évidemment, comme nous toutes, n'est-ce pas ! Cette proximité de l'héroïne par rapport aux goûts des lectrices est très intelligent de la part de l'auteure. En tout cas, pour moi, ça fait mouche !

"Mais Candice a filé au beau milieu du film après avoir reçu un coup de fil. Comme d’hab, elle a refusé de s’expliquer. Juste au moment où Baby allait éblouir ses parents avec sa chorégraphie. Tu te rends compte ? 
-Ouais, « On ne laisse pas Baby dans un coin », récitai-je.
–J’te le fais pas dire, approuva ma meilleure amie".




Ce que je n’ai pas aimé dans ce livre :
1#-Des scènes parfois un peu trop invraisemblables : Je pense notamment au moment où David et Marie se retrouvent face à face à la réunion des anciens du lycée et qu’ils ne se reconnaissent pas. Si c’est plutôt normal de la part de Marie puisque David a totalement changé physiquement en dix ans, par contre, vu que nous apprenons au cours du livre que David n’a jamais oublié « son premier amour » et qu’apparemment, Marie se décrit comme la même qu’il y a dix ans, avec peut-être un peu plus de graisse au niveau des hanches et des fesses, du coup, comment cela se fait-il qu’il ne la reconnaisse pas dès qu’ils se revoient (en plus, leur premier échange est plutôt cocasse avec la fameuse « main posée sur la chaise »). Pour moi, cela constitue une scène totalement incohérente. Si ces deux-là avaient été juste des « connaissances » au lycée, on aurait pu comprendre que David ne la « resitue » pas dans sa mémoire mais vu qu’ils étaient vraiment très bons amis (et après un peu plus….jusqu’à ce que Marie gâche tout…), il n’est vraiment pas normal que David ne la reconnaisse pas ! Idem pour les papiers du divorce de David…Ca traîne, ça traîne, quitte à mettre nos deux héros dans une situation peu confortable à cause de l’ex-future épouse de David et cela finit presque par causer leur rupture….Et finalement, dans l’épilogue, qui se situe quelques jours après leur « réconciliation » au moment de l’anniversaire de la petite Sarah, David présente le papier de l’avocat à Marie en lui disant qu’il est enfin libre….Pour une situation qui traînait en longueur, cela a été vite plié, finalement ! Pour moi, cette scène est impossible dans la réalité vu la lenteur de l’administration dans notre pays et encore plus des tribunaux….

«-Je constate que tu t’es finalement réconcilié avec Marie ? s’écria-t-elle en me désignant de sa montre. Il y eut une sorte de flottement, puis il tourna son visage vers moi et se pencha si près que nos nez se touchèrent presque. Plusieurs émotions se succédèrent sur son visage et s’il avait fallu les décrire sous forme de recette de cuisine, cela aurait donné ceci : une pincée d’étonnement, une cuillère à café de consternation et une louche de colère. 
–Marie ? Comme dans Marie Villemin ? J’arborai le plus séducteur de mes sourires et me concentrai pour ne surtout pas reproduire celui qui apparemment fichait la frousse. 
–C’est bien moi. Il me dévisagea, les narines frémissantes d’exaspération. – Oh oui ! C’est toi, dit-il en serrant les mâchoires. À ce stade, j’étais encore une innocente cruche et j’étais même plutôt flattée qu’un aussi joli garçon ait entendu parler de moi. Grossière erreur ! Je dirais même plus, ERREUR 404. – Tu as le culot de ne pas me reconnaître ! 
–Heuuuuuuu… Non, vraiment, son visage enchanteur ne me disait absolument rien. J’étais sûre qu’il m’aurait été impossible d’oublier une bouche pareille ou des sourcils à la fois fournis et dessinés. 
–Mais enfin, Marie ! hurla Alyson en jouant des maracas avec sa montre. C’est D-A-V-I-D ! Tu ne te souviens pas de lui ? Tu es pourtant venue à ma fête postbac avec lui ? »

«OH, MON DIEU ! Arrêt sur image, tremblement de terre. Que dis-je, séisme monumental ! J’avais devant moi le garçon dont le premier et l’unique baiser m’avait valu un mois de psychanalyse, celui que depuis dix ans j’avais rebaptisé Monsieur-qui-renifle. Celui dont j’avais accepté l’invitation pour cette fichue fête avant de… 
–Tu m’as humilié devant tout le lycée, articula-t-il, plein de mépris. Oui, j’allais justement y venir. Et je remerciais cette peste d’Alyson d’avoir fait ressortir ce dossier. 
–Oh, pitié, murmurai-je en direction du plafond afin d’être entendue par le staff de Jésus and Co. Pitié, pitié, franchement j’aurais vraiment besoin d’un coup de main, là. Je croisai les mains et fermai les yeux. Très fort. Vraiment, vraiment très fort. 
–Mais à qui est-ce qu’elle parle ? s’étonna Aly. 
–Aucune idée, gronda-t-il en se levant. Mais je m’en contrefous, je vais me trouver une autre place. Bon, c’était toujours mieux que rien. De toute façon, il sentait bien trop bon. Argument irrecevable, j’en convenais volontiers ». 

2#-Des questions qui restent en suspens : Attentions zone spoilers ! Cliquez sur le mulot et passez le texte en surbrillance ! L’auteure n’a pas le droit de nous lâcher la bombe de l’affaire Saphia x Tom Laville et de ne plus l’évoquer ensuite même dans l’épilogue. Je sais bien que ce sont des personnages secondaires mais j’aurais bien voulu savoir ce qu’il allait advenir de la jeune femme et de son bébé ! Si elle ferait assumer la paternité à Tom et surtout, si le geek Adam pourrait avoir une chance avec elle et pourquoi pas élever ensemble le futur bébé ?....Même chose pour Candice, la colocataire de Marie. Nous ne savons finalement pas ce qu’elle fait comme métier (vu le mystère qui plane au-dessus, je me demande si elle n’exerce pas une activité « non avouable » comme prostituée ou strip-teaseuse !)….En tout cas, si on ne sait finalement rien de sa vie « professionnelle » (et Marie ne le sait pas non plus), apparemment, on peut déjà se consoler en sachant qu’elle a trouvé un homme qui a l’air de l’aimer….Quoiqu’il en soit, ce n’est pas cool de la part de l’auteure de mettre ces éléments intrigants dans son récit pour finalement terminer son livre sans nous donner de réponses !

Pour conclure, j’ai passé un agréable moment de lecture avec Le plaisir de te détester. Certes, il y a quelques scènes peu crédibles dans le récit mais pour ce qui est du romantisme général qui s’en dégage, c’est parfait ! David est craquant tout plein, Marie est drôle et nous prenons plaisir à la voir se démener pour essayer de comprendre ce que lui veut vraiment notre héros surtout que leur passé commun quand ils étaient lycéens s’est terminé en jus de boudin, notamment pour David qui avait été sévèrement humilié. C’est la revanche d’un moche devenu beau et qui, malgré toutes ces années, n’a jamais pu oublier son premier amour, même si à cette époque, Marie s’était vraiment comportée comme la pire des garces. Ce livre montre que n’importe qui peut changer et évoluer positivement et que chacun a droit à une seconde chance, surtout en amour ! Pour ce qui est des personnages secondaires fort présents dans le récit, c’est dommage que l’auteure ne nous ait pas apporté plus d’éclaircissement sur leurs situations parfois très intrigantes. En tout cas, si vous aimez les jolies histoires romantiques, sans prise de tête, avec une héroïne rigolote très « girl next door », je vous conseille cette petite romance qui s’engloutie rapidement, bien au chaud devant la cheminée !

Ma note : 16,50/20 

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